Tout semble indiquer que l’administration flamande a ses raisons que la raison ne connaît pas. Ainsi, il a été décidé que pour les expéditions outre-mer de voitures d’occasion, les paiements en cash sont limités à 3 000 €. Un règlement entré en application le 1er janvier. Désormais seules comptent les factures avec paiements via document bancaire. Selon les responsables de la Fédération belge des exportateurs de véhicules neufs et d’occasion, il s’agit là d’une aberration qui, si la mesure n’est pas rapidement corrigée, aura pour effet de détourner des trafics d’Anvers vers d’autres ports étrangers. En effet, une telle contrainte n’existe pas en Allemagne et aux Pays-Bas. En France l’administration, plus intelligente, a fixé la limite du cash à 15 000 €, mais fait preuve de flexibilité. Conséquence pour Anvers, des trafics de voitures sont déjà et seront encore détournés vers d’autres ports comme Hambourg et surtout Rotterdam. Selon la Fédération, ce trafic aurait déjà diminué de 30 % au cours des premiers mois de l’année. Pourcentage qui semble exagéré. À l’issue du premier trimestre, le trafic global des voitures au port atteignait 313 436 unités, en hausse de 2,5 %. Jusqu’ici, le port scaldien a su attirer ces trafics de véhicules d’occasion en provenance de France, d’Allemagne, des Pays-Bas et d’autres régions de l’Est, grâce à l’éventail assez large de services rouliers qui le fréquentent, à la spécialisation de certains terminaux et aux possibilités en matière de logistique terrestre. Ladite fédération, qui regroupe des commerçants, traders et transporteurs impliqués dans ces trafics, a déjà multiplié les démarches auprès de l’administration flamande. Démarches d’autant plus nécessaires que l’intention est de baisser cette limite à 1 000 €. Cette administration est certes conditionnée par la lutte contre le blanchiment d’argent (ayant dans le collimateur les milieux diamantaires) mais ne fait pas la distinction entre les secteurs économiques et leur importance notamment sur le plan de l’emploi.
Une tradition de payer cash
Le problème est effectivement sérieux et concerne essentiellement la clientèle africaine d’acheteurs, mais aussi d’autres régions qui alimentent d’autres pays comme la Libye. C’est une tradition de payer cash. Cette clientèle déclare à la douane les montants d’argent qu’elle amène en Belgique, ce qui lui évite de procéder à des transferts de banques africaines qui prélèvent des commissions élevées. Elle n’a aucun intérêt à ouvrir des comptes bancaires en Belgique.
Pour Anvers – leader européen pour ce type de trafic – et certains de ses terminaux, le risque est bien réel de perdre un trafic. L’année dernière, le port a traité en ro-ro 1 302 885 véhicules, dont près de 500 000 d’occasion. Outre des terminaux, des armements sont également concernés, à savoir Grimaldi et Sallaum Lines axés sur la COA. Ce dernier armement comptait cette année sur un trafic de 200 000 unités, dont 85 % d’occasion.