Le terminal du Verdon, à l’arrêt depuis un an et demi, pourrait fonctionner de nouveau à partir de 2015. Choisie parmi quatre candidats, la filiale de fret ferroviaire du groupe Eurotunnel, Europorte, a été désignée comme le nouvel exploitant. Par manque de capacité d’investissement, Bordeaux Atlantique Terminal, BAT, désigné dans la foulée de la réforme portuaire, n’avait pu pallier en effet les différentes avaries des portiques de ce terminal.
Dans ce contexte, la fiabilité de l’outillage est l’un des points forts des discussions qui viennent à peine de débuter entre Europorte et le port de Bordeaux. « Notre priorité est avant tout de remettre en exploitation ce terminal et, en désignant un opérateur majeur, d’ambitionner d’ici cinq ans un doublement des trafics conteneurs en passant de 60 000 EVP à 120 000 EVP », indique Étienne Naudé, directeur de la stratégie et du développement au port de Bordeaux. « Pour atteindre ces ambitions, il faudrait deux portiques neufs. Cependant, deux scénarios sont possibles: soit un investissement massif dès le départ pour assurer la fiabilité des services – mais qui serait difficile à amortir aux vues des volumes actuels –, soit un recours de façon transitoire à des portiques d’occasion. » Assurant vouloir pleinement « apporter une qualité de service irréprochable », Europorte s’interroge de même sur la définition des moyens à mettre en œuvre et le planning. « On travaille sur ces deux aspects, sachant que le délai d’approvisionnement de l’outillage est important mais qu’il nous faut aussi gérer une phase transitoire », estime Pierre Maffre, directeur des opérations pour le groupe d’Europorte, qui souhaite une reprise d’activité dès 2015.
Un projet porté par la navette ferroviaire
Autre point majeur: la question du pré et post-acheminement. Sélectionnée justement pour sa capacité à apporter une solution logistique globale, Europorte prévoit la remise en service de la navette ferroviaire entre Bruges et le Verdon, « avec des fréquences soutenues de cinq à sept navettes par jour et également une gestion de l’interface entre déchargement des navires et chargement des trains, ce qui n’était pas le cas auparavant », précise Pierre Maffre. Si aucun montant d’investissement n’est pour l’instant évoqué, Europorte envisage d’ici quatre à cinq ans l’emploi de 100 à 150 salariés avec priorité donnée aux manutentionnaires locaux.
Du côté du port, Pascal Lefèvre, le nouveau président du conseil de surveillance du GPMB, met en avant l’implication du port sur ce terminal, qui sera « l’un des axes majeurs de notre plan stratégique 2014-2019 doté au global de 100 M€ ». Le doublement du trafic conteneurs envisagé s’inscrirait notamment dans la création d’un TCSO, Terminal à conteneurs grand Sud-Ouest, qui centraliserait l’ensemble des trafics conteneurs sur le Verdon. « Un terminal unique, c’est une évidence », pose ainsi Étienne Naudé. Reste cependant, dans cette optique, à convaincre l’armateur CMA CGM, qui œuvre historiquement sur Bassens. « Nous entamons justement des discussions avec les armateurs pour connaître leurs attentes », assure Pierre Maffre d’Europorte.
Proloisirs se donne un an
Depuis fin 2013, la société charentaise d’import de mobiliers et accessoires de jardins, Proloisirs, a implanté son hub logistique au Verdon. Compte tenu de l’arrêt du terminal du Verdon, elle réalise actuellement son trafic de conteneurs venant de Chine via le terminal de Bassens. Outre ce surcoût, cette société a dû faire face, ces derniers mois, à des revendications d’emploi des dockers de la place, qui n’ont pas été sans créer des frictions. La mairie du Verdon a ainsi saisi le préfet pour engager le dialogue entre les différentes parties. « Ces réunions se sont révélées positives, Proloisirs ayant décidé, ces derniers jours, de rester un an de plus sur le Verdon », déclare Gérard Barbé, chargé du développement économique à la mairie du Verdon. « Face à une situation qui pouvait mener à rompre une activité économique non négligeable, notre rôle était d’accompagner, même si nous restons toujours vigilants. » Seule société à s’être récemment implantée sur le Verdon, Proloisirs est par ailleurs en passe de finaliser son autorisation de zone franche lui ouvrant droit à des avantages fiscaux et douaniers. « Nous avons en effet signé cette demande d’autorisation même si elle n’est pas encore effective », indique Pierre Cariou, directeur régional des Douanes. « Depuis la création de la zone France il y a 15 ans, c’est la première demande que nous traitons. »