Marseille-Fos se rachète une conduite depuis des mois auprès des chargeurs, transitaires et armateurs. La page des conflits sociaux est-elle définitivement tournée? Pas si sûr. Pour la nouvelle gouvernance du GPMM, il est hors de question que le dossier SNCM vienne sabrer les efforts de reconquête des trafics. À fin avril, le fret conteneurisé progresse de 7 %.
Pour leur première rencontre avec les élus de la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille-Provence le 23 mai, les nouveaux dirigeants du port ont présenté les grands axes de leur stratégie. « Lors de cette mandature, nous allons remettre les clients au cœur de l’activité. Cela suppose d’être davantage à leur écoute. Le statut d’Epic est lourd et contraignant, nous allons raccourcir les délais de prise de décision. Nous allons développer une politique commerciale agressive et analyser les nouveaux besoins. Le troisième défi porte sur la redynamisation de la filière vracs liquides avec des projets de stockage de GNL et de biocarburant pour regagner des volumes », a expliqué Jean-Marc Forneri. Le successeur de Patrick Daher au poste de président du conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille s’exprimait devant les 90 élus consulaires représentants trois collèges: commerce, services et industrie.
Pour les chefs d’entreprises, exportateurs ou importateurs régionaux marqués par les conflits sociaux du port, le nouveau dirigeant joue la carte de l’apaisement. « Nous allons restaurer l’image du Grand port maritime de Marseille qui souffre encore. En 2013, nous avons connu moins de mouvements sociaux qu’à Anvers. Marseille est fiable depuis 28 mois », martèle Jean-Marc Forneri.
« La SNCM n’est pas le port »
Pourtant, Marseille n’est pas à l’abri d’un nouveau conflit. « La SNCM n’est pas le port, tranche Jean-Marc Forneri. Lorsque, dernièrement, les salariés de la SNCM ont bloqué un navire de croisière, la CGT du port n’était pas solidaire. Les clients attendent de la fluidité et surtout pas de grève. Si la situation de la SNCM venait à s’aggraver, nous nous emploierons à ce que ça ne contamine pas nos activités », renchérit-il à quelques jours d’un conseil de surveillance décisif pour la compagnie desservant la Corse et le Maghreb.
Cette assemblée générale de la CCI a été l’occasion de détailler le recentrage du port sur ses nouvelles missions d’aménageur et de prestataire de services. Signataire de la charte Ville-Port, le GPMM entend favoriser l’installation de pépinières d’entreprises autour du port et conserver la vocation industrielle de Marseille: « Pas question, quels que soient les appétits des uns et des autres, de transformer les bassins Est en “Luna Park”. » Ni casino, ni boîte de nuit sur les terrains du port, c’est une certitude, même si pour l’heure l’avenir du J1 et de son plan d’eau reste flou.
Tout en affirmant avoir « une vision assez claire de ce que peut attendre un client du port », la présidente du directoire, Christine Cabau Woehrel, table sur la croissance des flux en Méditerranée. « Les dix plus grands ports de Méditerranée représentent 26 MEVP, le marché est porteur, il progresse de 4 % sur la zone. À fin avril, le trafic conteneurs de Marseille a augmenté de 7 % avec 384 200 EVP. Les hydrocarbures restent orientés à la baisse. Marseille-Fos se positionne comme un laboratoire de la transition énergétique et de l’économie circulaire. Nous devons soutenir le développement de terminaux méthaniers et la filière éolienne offshore », explique Christine Cabau Woehrel, qui entend miser également sur le report modal massifié.