Le marché mondial du GPL « vit une révolution », annonce le rapport BRS qui prévoit une croissance soutenue du secteur au moins jusqu’à 2020. « Nous surfons sur la vague d’une transformation majeure du marché du transport du gaz ». Le produit est devenu à la fois plus lucratif pour l’industrie gazière et plus utile pour le consommateur final. En 2013, le secteur a été marqué par une augmentation de l’offre de produits et par de nouveaux débouchés, ce qui a mené à « une plus grande liquidité des échanges et à un marché mondial plus intégré », note le rapport. Les bons résultats enregistrés récemment incitent à de nouveaux achats. « Le transport maritime va continuer à attirer de nouveaux investissements provenant des marchés financiers, des acteurs déjà établis, ainsi que des commandes en spéculation », prévoient les auteurs du rapport. Le rapport anticipe des niveaux de fret élevés au moins pour les trois prochaines années.
Des performances records pour les VLGC
La bonne conjoncture du secteur a favorisé une hausse significative de la construction de transporteurs de GPL au design innovant. Les secteurs des gros navires (VLGC), des midsizes (MGC) et des handysize ont tous connu une année dynamique tant au niveau des achats de navires que des rendements obtenus. Seul le segment des petits navires a obtenu des performances mitigées en 2013 et peu de commandes de ce type de navires ont été réalisées.
La flotte de VLGC dans le secteur du GPL a été l’une des plus dynamiques. Elle a continué son développement engagé au second semestre 2012 avec l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis, principal moteur du changement. La hausse subite des constructions neuves a été encouragée par les profits qu’enregistrent actuellement les armateurs dans ce segment. La flotte de VLGC s’est accrue de 14 navires en 2013 et représentait 152 navires à la fin de l’année. Plus de 35 VLGC, en construction, devraient la compléter d’ici la fin de 2016. Les bonnes performances des VLGC ont fait de 2013 l’année la plus rentable du XXIe siècle à ce jour pour les armateurs. Au cours de 2013, le Baltic LPG Index (BLPGI) a atteint des niveaux records, le taux de 80 $/t, le plus élevé jamais enregistré, ayant été atteint le 19 juin. Le taux moyen du BLPGI a été de 59,43 $/t sur l’année, soit près de 5 $/t de plus que l’année précédente.
Les commandes de nouveaux midsizes réfrigérés et semi-réfrigérés ont également été fortes. La flotte de MGC s’élève actuellement à 67 navires, et 24 navires neufs sont en commande pour livraison jusqu’en 2017. Une nouveauté est apparue sur ce segment, les multigaz, des navires semi-réfrigérés de 27 500 m3, dont quatre ont été commandés par Evergas. Ils permettront une très forte flexibilité en étant capables de transporter aussi bien du GNL que de l’éthane et du GPL, de l’ammoniac et des gaz pétrochimiques. Les revenus générés par les MGC sont restés stables l’an dernier avec des taux d’affrètement en légère augmentation par rapport à 2012. Malgré des pertes de chargements d’ammoniac et de GPL iranien à destination de l’Inde, le secteur des MGC s’est bien porté avec de nouvelles demandes, en particulier pour les exportations de GPL du Pérou et des États-Unis. Les MGC sont par ailleurs de plus en plus utilisés comme stockages flottants intermittents, ce qui permet de développer de nouveaux marchés. Dans le segment du handysize, 132 navires sont en activité et 35 navires sont en commande, un nombre qui « peut être considéré comme étant plus ou moins cohérent avec l’augmentation prévue du volume de marchandises », note le rapport.
Les petits navires en perte de vitesse
Les auteurs du rapport BRS rapportent néanmoins une moins bonne performance pour le segment des petits navires, en particulier pour les navires semi-réfrigérés. Une grande partie du marché des petits navires dépend de l’industrie pétrochimique qui est touchée depuis 2010 par la réduction de la production et de la consommation de plastique. Les volumes des échanges de gaz destinés à la pétrochimie ont ainsi été fortement réduits. Le carnet de commandes actuel de petits navires reflète ces attentes. Avec 21 navires neufs en commande, il est fortement tourné vers les navires entièrement pression capables de transporter les cargaisons à une température de − 10 oC. Par contre, avec seulement sept navires en commande, « il semble que les petits navires semi-réfrigérés soient passés de mode, sauf lorsqu’ils sont nécessaires pour la desserte de certains marchés spécialisés ». La flotte actuelle de petits navires comprend 347 navires pression et 215 navires semi-réfrigérés. Certains de ces derniers peuvent transporter de l’éthylène. Dans ce segment aussi, le carnet de commandes semble bien adapté et peu susceptible de perturber les taux de fret et d’affrètement à temps ou de bouleverser l’équilibre entre l’offre et la demande de navires.
Une nouvelle dynamique mondiale
Les exportations du gaz de schiste nord-américain ont continué en 2013 à façonner la nouvelle dynamique mondiale du secteur. Une tendance accrue par une hausse des stocks qui a entraîné une baisse importante des prix du gaz naturel liquide dans le Golfe US. Dans le pays, passé récemment du statut d’importateur à celui d’exportateur de GPL, les nouvelles installations d’exportation ont fait l’objet d’une attention particulière. Du côté de la Chine, la pénurie de propylène s’est aggravée en 2013 avec l’augmentation continue de la demande pour les plastiques de haute qualité destinés aux biens de consommation. Les compagnies pétrolières chinoises ont choisi comme solution de construire des usines de déshydrogénation du propylène et d’utiliser du propane américain comme matière première. En Iran, l’embargo de l’Union européenne appliqué en 2012 sur l’importation, l’achat et le transport de gaz naturel et de LNG du pays a limité une source importante de GPL et de produits pétrochimiques sur le marché international. Même si des expéditions spots de GPL et de gaz pétrochimiques iraniens ont été réalisées de façon intermittente vers la Chine, la Corée et la Turquie, l’effet global des sanctions a été de réduire drastiquement les exportations iraniennes de GPL, qui se sont limitées à environ 60 000 t par mois en moyenne, contre 220 000 t mensuelles en 2012.
L’Europe voit de son côté le marché GPL stagner. La récession et la baisse de la demande de biens et de services au cours des dernières années ont eu un impact significatif sur les industries de raffinage et de transformation de la région. Le rapport précise que « dès le second semestre de 2012, il est devenu évident que l’Europe occidentale avait un excédent structurel de capacité de raffinage ». Le rapport BRS estime que « les raffineries européennes vont en général continuer à voir leurs résultats se dégrader, à moins que l’investissement en équipements nouveaux se concrétise et que les capacités excédentaires soient maîtrisées ». Dans la région de la mer Noire, les exportations de GPL kazakh et russe, soutenues par les nouvelles installations de transbordement dans le port de Taman, inaugurées au troisième trimestre 2012, ont approché les 3 Mt en 2012. Les ports de chargement ukrainiens ont été les plus actifs, Kertch, Odessa et IIyichevsk se partageant la majeure partie du trafic.