En 2013, les taux d’affrètement sont restés dans l’ensemble stables, mais ont néanmoins terminé à un niveau plus élevé qu’en début d’année. Les perspectives de vente de véhicules légers semblent être assez bonnes pour 2014, ce qui, combiné aux prévisions d’amélioration de l’économie et de reprise de la croissance au niveau mondial, devrait selon le rapport BRS faire passer le secteur des navires transporteurs de voitures à la vitesse supérieure.
Le rapport BRS note une prépondérance des marchés européen et atlantique durant les six premiers mois de l’année. Au 1er trimestre, une très forte congestion dans le port algérien de Djen Djen a amené les transporteurs à avoir recours à des affrètements de courte durée de navires supplémentaires afin de pouvoir maintenir leurs fréquences. À cela s’ajoutent le manque d’effets visibles sur les exportations de la baisse du yen et les difficultés qu’ont rencontré les transporteurs coréens pour assurer le remplissage de leurs navires en raison du cours élevé du won et de la baisse de la production. Entre juin et juillet, le marché s’est animé en Asie-Pacifique, principalement grâce aux opérateurs japonais, qui ont commencé à affréter des navires supplémentaires pour couvrir leurs positions en prévision de l’augmentation des volumes d’exportation. Les difficultés des transporteurs coréens se sont accentuées, les mouvements de grève entraînant des baisses de production dans les usines automobiles en Corée. Au même moment, les volumes de fret ont été plus faibles que prévu dans la zone Europe-Atlantique. L’action s’est donc déplacée vers l’Asie-Pacifique, où la production coréenne est revenue à la normale en octobre. Bien que moins forte que les années précédentes, l’augmentation saisonnière de la demande en fin d’année a exacerbé les différences entre les zones, une pléthore de navires étant disponibles en Atlantique et pratiquement aucun en Asie-Pacifique.
Des performances contrastées
Les ventes de véhicules légers aux États-Unis ont dépassé les attentes, notent les experts du rapport RS Platou, avec une hausse de 8 % sur l’année. En revanche, le Japon et la Corée ont connu une chute de leurs productions et de leurs exportations totales. Au Japon, malgré un yen plus faible, la production de véhicules a baissé de 3,1 % par rapport à 2012, tandis que les exportations ont diminué de 2,7 % par rapport à l’année précédente. Pénalisée par un won fort et par les mouvements de grève, la production automobile coréenne a baissé de 0,9 % par rapport à 2012 avec environ 4,5 millions d’unités, tandis que les exportations ont chuté de 2,7 % avec environ trois millions d’unités. Les ventes et la production automobiles chinoises ont encore enregistré des résultats records en 2013, atteignant un total d’environ 22 millions d’unités vendues et 22 millions produites, ce qui représente une augmentation de 13,9 % et 14,8 % respectivement sur un an. Toutefois, touchées par le ralentissement de certains de leurs principaux marchés, les exportations automobiles chinoises ont chuté de 7,5 % par rapport à 2012. Selon BRS, les ventes de voitures en Europe ont baissé de 1,7 % par rapport à l’année précédente pour atteindre environ 11,9 millions d’unités, ce qui représente la sixième année consécutive de baisse. Le rapport RS Platou observe de son côté un contraste entre les ventes d’Europe de l’Ouest qui diminuent de 2 %, et celles d’Europe de l’Est, en baisse de 4 %. La Russie, qui avait jusqu’à maintenant représenté un atout pour le transport maritime de courte distance européen, a vu ses ventes de voitures de tourisme neuves et de véhicules utilitaires légers et moyens chuter de 5,5 % sur l’année pour atteindre environ 2,78 millions d’unités.
Une capacité accrue
Le rapport BRS déclare que l’offre de navires est restée similaire à 2012. À la fin de l’année, la flotte comprenait 743 navires de 1 000 CEU (Car Equivalent Units) selon BRS; RS Platou dénombre de son côté 717 unités. Selon BRS, le carnet de commandes jusqu’en 2017 s’élève à 65 unités, soit environ 448 237 CEU et 8,7 % de la flotte en service. Dix-neuf navires ont été livrés au cours de l’année, soit environ 119 450 CEU, contre 33 en 2012. Une baisse de 42 % imputable à la diminution des commandes passées au cours des années 2009 à 2012. La capacité moyenne des navires livrés a encore augmenté et a atteint 6 271 CEU, ce qui correspond à une augmentation de 5,3 % par rapport à la capacité moyenne constatée en 2012. La capacité moyenne des navires commandés en 2013 a fait un bond de 20 % pour atteindre 7 177 CEU, pour un total de 42 unités et environ 301 442 CEU. Le nombre des démolitions a doublé, passant de sept navires l’an dernier à 14, soit environ 60 405 CEU, pour un âge moyen de 28,9 ans. En 2014, 40 navires, pour environ 162 344 CEU, auront 28 ans ou plus, ce qui représente 5 % de la flotte. Par ailleurs, 27 navires supplémentaires, soit environ 123 285 CEU, représentant 3 % de la flotte en service, atteindront 28 ans en 2015. BRS s’attend à ce que les démolitions restent à un niveau élevé. L’entrée en vigueur imminente des limitations de taux d’émission contenues dans l’annexe VI de la convention Marpol va probablement accélérer ce processus, en particulier pour les navires anciens en service dans les eaux européennes et atlantiques. En 2014, 28 navires, soit 3,76 % de la flotte, pour 173 212 CEU, doivent être livrés puis, en 2015, 25 navires, soit 3,36 % de la flotte, pour environ 181 382 CEU. BRS note que si la totalité des 67 navires candidats à la démolition sort de flotte au cours des 24 prochains mois, celle-ci devrait connaître une croissance négative en nombre de navires (− 14 unités) et une croissance marginale de 1 % en termes de capacité (+ 68 965 CEU).
De son côté, l’agence RS Platou, qui estime la flotte de car carriers à 717 navires à la fin de l’année 2013, pense qu’il y aura une hausse de 2,2 % de la flotte en 2014. Elle estime l’utilisation de la flotte mondiale de car carriers à 86 % de sa capacité en 2013, soit légèrement moins qu’en 2012. Elle devrait être de 87 % en 2014.
Des perspectives 2014 globalement favorables
Les deux rapports se montrent optimistes pour 2014, avec une prévision d’une demande au niveau international en croissance de 3,5 % pour RS Platou, alors qu’elle est de l’ordre de 2,5 % en 2013. L’agence norvégienne se base sur des volumes stables au Japon, sur une légère amélioration en Corée du Sud et sur une continuité des tendances dans les autres marchés. Pour BRS, les prévisions de croissance en 2014 sont de 3,7 % en ce qui concerne la production, et de 4,5 % pour les échanges commerciaux. L’augmentation des ventes de véhicules légers dans le monde devrait se situer entre 3 % et 5 % en 2014 contre 3,8 % en 2013, et atteindre 84,2 millions d’unités. La production mondiale de véhicules légers devrait également augmenter en 2014 de 3 % comme en 2013, pour atteindre 87 millions d’unités. Bien qu’un ralentissement soit prévu, les ventes de véhicules légers devraient encore atteindre entre 16 et 16,5 millions aux États-Unis, soit une augmentation de 5,8 %. En partie grâce à l’augmentation de la demande dans les provinces intérieures, les ventes d’automobiles devraient continuer à augmenter en Chine, mais à un rythme moins soutenu du fait de la limitation des nouvelles immatriculations dans les principales villes des provinces orientales afin de lutter contre l’aggravation de la congestion et la pollution de l’air. Les prévisions de croissance se situent donc entre 9 % et 13 % par rapport à 2013.
Sur le court terme, RS Platou table sur une hausse des ventes de voitures aux États-Unis et sur une légère amélioration des ventes européennes. Sur un plus long terme, la hausse de la demande devrait toucher surtout les marchés émergents puisque « le potentiel de croissance est limité dans les marchés matures ». « L’amélioration des conditions de marché repose sur une croissance de flotte modeste, les facteurs clés de la demande demeurant fragiles », conclut l’agence norvégienne.