Les ports espagnols en quête d’une amélioration de la compétitivité

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Soumise à son tour à la concurrence des ports « low cost », l’Espagne doit revoir son modèle portuaire. Le coût de la manutention n’est pas seul en cause: le coût jugé excessif des services portuaires est aussi en ligne de mire.

La baisse du trafic de conteneurs en Espagne en 2013 (− 1,4 % à 13,9 MEVP), et en particulier du transbordement dans tous les ports, sauf à Algésiras, a été un signal d’alarme. José Llorca, président de Puertos del Estado, l’organisme public qui exerce la tutelle sur les 27 autorités portuaires, a pris les devants en rappelant, lors de la présentation en février des résultats du système portuaire espagnol, la nécessité d’améliorer la compétitivité par le biais d’une réduction des coûts portuaires et d’une augmentation de l’efficacité.

L’enjeu est important. En 2013, le transbordement a représenté 61 % du trafic conteneurisé exprimé en tonnes. Par ailleurs, le transbordement, s’il a un impact moindre en termes de création de valeur ajoutée dans les ports, permet aux ports espagnols de disposer d’escales de navires et d’améliorer leur connectivité. L’annonce du projet P3, qui bénéficierait principalement à Algésiras, a encore accéléré la crainte de l’Espagne de perdre du terrain au profit d’autres destinations plus compétitives.

José Llorca estime que l’ensemble des acteurs du monde portuaire doivent faire un effort. L’État a pris l’initiative en rabaissant en 2014 les droits portuaires de base à partir desquels chaque autorité portuaire applique son coefficient correcteur et les éventuelles bonifications. Le président de Puertos del Estado a évoqué la possibilité d’une nouvelle baisse en 2015. Par ailleurs, cet organisme négocie avec le ministère des Finances la possibilité de porter de 35 à 50 ans la durée des concessions des terminaux, aussi bien pour les futurs projets que pour ceux actuellement en activité.

La balle est dans le camp du secteur privé

À Puertos del Estado, on estime que la balle est maintenant dans le camp du secteur privé. Concernant les services portuaires (pilotage, remorquage et lamanage), une concurrence accrue permettrait de faire baisser les tarifs. Lors de la réunion évoquée précédemment, José Llorca a évoqué le pilotage dont les coûts, dans certains ports espagnols, « ne sont pas admissibles ». Le port de Barcelone, qui dispose de deux sociétés de remorquage, est cité en exemple: les tarifs ont baissé de 20 %. « Nous étudions actuellement les possibilités de réduire les tarifs de tous les services portuaires dans les ports espagnols », affirme-t-on chez Puertos del Estado.

Le port de Valence, où le groupe Boluda est le seul à effectuer le remorquage, polarise l’attention. « Une société qui souhaiterait réaliser la même activité peut nous adresser une demande et, si elle remplit les conditions du cahier des charges, elle obtiendra une licence dans les mêmes conditions », explique-t-on à l’Autorité portuaire de Valence (APV) où on souligne que les cahiers des charges des services portuaires sont en processus de révision afin de les mettre en conformité avec la loi portuaire de 2010. Une occasion pour revoir les tarifs.

La question la plus délicate est celle de la manutention. Selon l’Observatoire du marché des services portuaires, la manutention d’un conteneur en Espagne revient à 90 € contre 35 à 50 € dans d’autres ports concurrents. Puertos del Estado et les opérateurs privés demandent une réduction de sa principale composante: le coût salarial. Mais le syndicat ultra-majoritaire des ouvriers de la manutention, Coordinadora, réfute cet argument et considère qu’il faut prendre en compte l’ensemble des coûts liés au passage portuaire d’un navire. Une étude réalisée, à la demande du syndicat, par le Centre de l’innovation du transport (Cenit) de l’Université polytechnique de Catalogne (UPC) montre que les salaires des ouvriers de la manutention ne représentent qu’entre 14 % et 27 % du coût d’escale d’un navire dans un port espagnol. Un document qui, paradoxalement, met de l’eau dans le moulin de Puertos del Estado.

À cela s’ajoute ce qu’on appelle en Espagne « le dossier Luxembourg ». La Commission de Bruxelles a saisi la Cour de Justice de l’Union européenne à propos du système d’emploi de la main-d’œuvre portuaire, considéré comme étant contraire au traité de l’UE. À Madrid, on s’attend à un arrêt condamnant l’Espagne. Cela pourrait être l’occasion d’amender la loi portuaire approuvée en 2010. Autrement dit, le modèle portuaire espagnol pourrait bien évoluer au cours des prochains mois.

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