La balle est dans le camp du gouvernement français

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Entre 150 et 200 personnes, décideurs économiques et politiques, ont assisté à la matinée-débat de l’Association Seine-Nord Europe (ASNE) intitulée « De la reconfiguration de Seine-Nord Europe à la réalisation de la liaison européenne Seine-Escaut », organisée à Paris le 18 février. Pour Philippe Marini, président de l’ASNE, la réalisation du canal à grand gabarit Seine-Nord Europe (SNE) peut constituer un « choc de compétitivité pour l’ensemble de l’économie des territoires desservis, en entraînant des investissements, de la croissance et des créations d’emplois ». Il est aussi convaincu que la future infrastructure « peut contribuer fortement aux ambitions de la transition énergétique et environnementale » actuellement en cours de réflexion. Toutefois, SNE ne pourra avoir de telles conséquences pour la France qu’à condition que le gouvernement décide de « l’investissement physique, c’est-à-dire de l’investissement en infrastructures. Il y a là un espoir à ne pas décevoir », a alerté le président de l’ASNE. Michel Delebarre, vice-président de l’ASNE, s’est ensuite exprimé: « La période actuelle est importante. Après le travail de reconfiguration du député Rémi Pauvros, le projet SNE est plus raisonnable financièrement avec un coût total de 4,5 Md€ au lieu des 7 Md€ précédemment. » Il a rappelé que le projet est indispensable pour l’avenir des régions concernées, des ports maritimes comme Dunkerque ou Haropa. Il a affirmé: « Nous attendons ce type d’investissement porteur de développement économique pour le pays entier. Nous souhaitons que l’État prenne une décision. La balle est dans le camp du gouvernement. » Pour André Salomé, président de la communauté de communes du pays Neslois, il est urgent d’annoncer une décision car « les acteurs économiques pourraient ne plus être dans une logique d’investissement en l’absence de visibilité sur la réalisation effective de SNE d’ici 2020 ou 2025 ».

Le Havre et Rouen convaincus

La parole est alors revenue aux représentants du monde économique. Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI Paris-Île-de- France, a assuré que « les entreprises de cette région, mais aussi de la Basse et de la Haute-Normandie sont derrière le projet ». Il est « essentiel de décongestionner l’Île-de-France où se réalise 30 % du PIB, mais aussi lieu de passage » entre le nord de l’Europe et les façades Manche/Atlantique. Dans ce contexte, le projet SNE, avec ses plates-formes multimodales, peut assurer un branchement entre le transport massifié par voie d’eau et les filières économiques des territoires. « Les plates-formes sont indispensables, sinon SNE ne serait qu’une artère sans embranchement. Ce sont elles qui irriguent les territoires et l’économie », estime Pierre-Antoine Gailly. Au nom du Medef Nord-Pas-de-Calais, Jean-François Didier a reconnu « crédibles » les prévisions de création d’emplois, soit de 10 000 à 13 000 emplois directs et indirects par an durant les six à sept années de chantier, et 50 000 à l’horizon 2050. Il a admis que SNE pourrait participer à une dynamique industrielle et a insisté sur la valeur ajoutée d’une installation bord-à-quai pour les entreprises concernées. Jean-François Dalaise, président du conseil d’administration de Ports de Paris, a rappelé que « les ports maritimes séquaniens ont longtemps été réservés sur SNE ». Cette position du Havre et de Rouen a évolué grâce à la mise en place d’Haropa, groupement au sein duquel les dirigeants de Ports de Paris ont pu influencer leurs homologues en montrant que SNE peut jouer un rôle important pour l’aménagement de l’axe Seine et de ses débouchés vers la Manche et l’Atlantique. Les ports maritimes séquaniens perçoivent aujourd’hui le projet comme une opportunité pour Haropa et l’axe Seine dont l’attractivité profitera à celle du canal et réciproquement. De son côté, Philip Maugé, directeur du développement de la Société coopérative artisanale de transport (Scat) a assuré: « Les transporteurs fluviaux sont très intéressés par un canal à grand gabarit qui ne peut que favoriser le développement d’une offre de cale plus large, plus productive et innovante. » Toutefois, pour développer une telle nouvelle cale en France, afin de disposer d’unités fluviales de plus grande taille permettant de tirer pleinement partie de la future liaison à grand gabarit, des financements devront être trouvés. Toutes ces interventions montrent la forte attente des responsables territoriaux et économiques par rapport à SNE. Elles mettent en avant le large consensus politique – quel que soit le parti auquel appartiennent les élus –, territorial et économique qui entoure la réalisation de ce projet. « C’est exceptionnel pour un pays comme la France, a souligné Philippe Vasseur, vice-président de l’ASNE. C’est un point fort pour la réussite du projet. Il manque seulement l’engagement de l’État » annonçant la décision définitive sur la réalisation effective du canal à grand gabarit pour une mise en service en 2022.

Une réalisation « progressive » de l’infrastructure

En charge de la mission de reconfiguration sur SNE, le député Rémi Pauvros a rappelé les points importants de son rapport remis au ministre des Transports en novembre 2013. Le premier est une mise en œuvre « progressive » du projet, soit un canal pour des bateaux de 110 m « très vite » et de 135 m « après ». Le deuxième porte sur la nécessité de développer l’économie du secteur fluvial et d’accompagner la profession en France. Le troisième concerne la non-remise en cause de la totalité de la déclaration d’utilité publique (DUP) par la reconfiguration du projet. « Il faut seulement procéder à quelques modifications via une enquête publique complémentaire. Ces évolutions sont mineures et ne doivent pas servir à retarder le calendrier des travaux ni la mise en service », a expliqué Rémi Pauvros. Celui-ci a confirmé que les éventuels emprunts européens à contracter pour les investissements en infrastructures ne relèveraient pas des critères d’endettement de Maastricht. Il a insisté sur l’importance de la nomination d’un coordinateur du projet, auquel « Bruxelles tient beaucoup ». Ce dernier serait le garant de la cohérence et de l’avancement du projet en France. Enfin, il a conclu sur l’importance de la mise en place d’une société de projet associant les collectivités territoriales, vu leurs engagements financiers, à la gestion de SNE.

La Commission européenne réaffirme sa position

Herald Ruijters, chef d’unité réseau transeuropéen, direction générale Mobilité et Transports de la Commission européenne, a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne (UE) pour financer 50 % des études et 40 % des travaux de SNE. Il a indiqué que depuis le 7 janvier, le budget nécessaire au financement de cinq grands projets de transport européen, dont fait partie SNE, a bien été réservé. Il a précisé que l’appel pour le financement du projet SNE est attendu par la Commission européenne entre le 15 juillet et le 1er septembre. Il a alerté sur le fait que les crédits réservés pour SNE au titre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) seraient consacrés à d’autres projets, hors de France, si celle-ci ne lance pas ce projet dans les délais impartis. Les propos de Herald Ruijters confirment l’importance pour l’UE de la réalisation de SNE, partie française de la liaison transfrontalière Seine-Escaut. Le « soutien très ferme de la Commission ayant déjà été très clair lors de la signature de la Déclaration de Tallinn avec les partenaires du projet », France, Wallonie, Flandre et Pays-Bas, le 17 octobre, a rappelé Herald Ruijters. Pour Gilles Pargneaux, député européen, SNE est un projet majeur pour les échanges entre la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Il a pris pour preuve du caractère transfrontalier du projet les investissements de 150 M€ en Flandre et de 90 M€ en Wallonie déjà engagés en vue de l’ouverture de la liaison à grand gabarit Seine-Escaut.

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