« Pas cher! », estime Jean-Pierre Chalus, président du directoire. En prenant, l’été dernier, 24,9 % de l’opérateur ferroviaire de proximité de La Rochelle – rebaptisé OFP Atlantique – pour 175 000 €, le Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire prend en main ce qu’il appelle un « destin » ferroviaire loin d’être écrit d’avance. « Nous avons constaté, en faisant le tour des opérateurs ferroviaires, que l’ouest de la France n’est pas une cible pour eux. Nous pouvons disparaître des écrans, même si sur les cartes, nous apparaissons dans le corridor européen no 4 », explique Jean-Pierre Chalus. La prise de participation dans l’OFP Atlantique permet au port de comprendre et de prendre place dans le mode de production ferroviaire. L’accès aux sillons du réseau national? Le gabarit des tunnels? L’affaissement paralysant de la petite voie de desserte d’un client, loin du port, en Bourgogne? « Autant de sujets pour lesquels je ne me vois pas dire que c’est l’affaire des autres », explique Jean-Pierre Chalus. Il pense à quelques gros clients ferroviaires, notamment Ikea, les chantiers navals STX, l’huilier Cargill. Mais pas seulement. « Les coopérateurs céréaliers français révisent la manière dont ils écoulent leur production. Nous devons proposer des solutions. » Nantes Saint-Nazaire n’est pas un port de gros volume. Il veut se différencier par des services. « Il ne s’agit pas de les proposer directement mais de faire en sorte que les opérateurs ferroviaires les proposent. » L’OFP Atlantique est le bienvenu, comme les autres. « Pas question que le port ait droit de regard sur sa politique commerciale! À chacun son métier. » L’objectif de Nantes-Atlantique, ce sont d’abord les vracs; avec un marché commun évident avec La Rochelle dans le centre de la France céréalier. Mais la quasi-totalité de ses trafics céréaliers utilisent déjà le fer. L’OFP Atlantique vise le développement de trafics nouveaux. « Avec tous les clients qui veulent faire du ferroviaire, cela demande en général tellement d’énergie que nous devons les aider », explique Jean-Pierre Chalus. Le port emploie deux salariés à plein-temps sur le sujet. La deuxième cible, dans quelques années, sera le conteneur. L’OFP espère un premier train à Nantes Saint-Nazaire d’ici l’été. Il devrait permettre de faire remonter les trafics ferroviaires, passés à 1,2 Mt contre 1,5 Mt en 2011.
Fret SNCF réticent mais ouvert
Le métier des portuaires est-il de faire du ferroviaire? Fret SNCF-Geodis continue de se poser la question devant la constitution d’OFP dans les ports, et craint la baisse des prix du fait de la généralisation de la concurrence, même si elle assure toujours l’écrasante majorité du trafic à Nantes Saint-Nazaire. Mais la filiale spécialisée de la SNCF entre tout à fait dans le jeu. D’autant que le port est formel. Aucun opérateur ne peut être avantagé. Il le prouve d’une certaine façon en ayant choisi de s’allier par l’OFP Atlantique à ECR, partenaire comme lui à 24,9 % alors que, pour la gestion de son domaine portuaire, il avait fait confiance à Europorte.