Depuis la fin du mois de janvier, une partie de l’attirail chimique du président syrien Bashar Al Assad transite dans le port italien de Gioia Tauro, en Calabre. La ministre des Affaires étrangères, Emma Bonino, et le président de l’OPA, l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques, Ahmet Uzumcu, l’ont annoncé le 16 janvier au parlement italien. L’ancienne passionaria du parti radical italien, engagé dans la défense des droits de l’homme, a également déclaré que Rome a débloqué une enveloppe pour contribuer à l’opération de déplacement et de destruction de l’arsenal chimique syrien. Elle a ajouté qu’un avion militaire a été affrété pour transporter les experts qui suivront les opérations.
Estimés à quelque 1 300 t, les agents chimiques de Bashar Al Assad sont transportés en Italie en plusieurs étapes, à commencer par une cargaison des produits les plus dangereux, équivalente à 560 t entreposées dans 60 conteneurs. Selon Ahmet Uzumcu, cette cargaison ne sera pas stockée à terre mais transbordée directement via des rampes à bord du navire américain où elles seront détruites dans les eaux internationales. « Il n’y a donc aucun risque de contamination ou de fuite radioactive », a affirmé le patron de l’OPA.
Sur ce point, la population locale n’est pas convaincue. Face aux pressions de leurs administrés, les maires de Rosarno, Gioia Tauro et San Ferdinando, qui héberge 75 % de l’activité portuaire de la zone, parlent de fermer le port pour bloquer le passage des navires danois et suédois qui transportent l’arsenal. « S’il se passe quoi que soit, mes concitoyens viendront me chercher avec des fourches! », a déclaré Renato Bellofiore, maire de Gioia Tauro.
L’Italie, qui a ouvert ses portes aux agents chimiques syriens contrairement à la plupart des pays contactés, attend probablement une contrepartie. « Rome fournit des armes à la plupart des pays du Moyen-Orient, y compris la Syrie, Israël et ses ennemis. Sa collaboration pourrait lui permettre de renforcer ses contrats » estime une source sous couvert d’anonymat.
