Longtemps atout, avantage acquis et fonds de commerce, l’énergétique révèle sa fragilité. Outre l’avenir incertain des énergies fossiles, ces flux pétroliers, charbonniers et gaziers, qui pèsent près de 70 % des tonnages, subissent d’imprévisibles aléas. Les arrêts techniques programmés de la raffinerie ont été aggravés par des avaries impromptues. Les effets de détournement des marchés mondiaux du gaz persistent. Exploitant leur gaz de schiste, les États-Unis exportent du charbon bon marché, concurrençant le gaz en Europe. S’y ajoutent Fukushima et la forte demande japonaise, et une activité économique plus tonique en Asie qu’en Occident et voilà les trafics se détournant de Montoir. « Fini le temps des trafics captifs », concède le directeur Jean-Pierre Chalus. Président du conseil de surveillance, Francis Bertolotti parle de « sécurisation de l’énergie par un plan national pertinent » focalisé sur deux sites, Fos et Montoir, ce qui conforte la Basse-Loire. Parmi les motifs de consolation, la nouvelle capacité depuis août, unique en Europe, de transbordement direct d’un méthanier à un autre, n’est qu’un facteur attractif, un mini-hub potentiel, pas un vrai moyen de contrer en volume la chute vertigineuse du gaz: passé de 4,9 Mt à 1 Mt de 2010 à 2013, il a perdu 49 % rien que par rapport à 2012. Les pertes de 1,2 Mt de GNL, 0,2 Mt de charbon, 0,8 Mt de pétrole éloignent de la barre symbolique des 30 Mt atteinte en 1996 et qui a constitué un pic plutôt qu’un seuil.
Le conteneur, qui n’a jamais été conséquent, perd 5 % en tonnage (1,8 Mt) et 2,1 % en EVP. CMA CGM a abandonné son escale à Montoir d’import de bananes antillaises après la tempête tropicale de l’été dernier, pour se centrer sur Dunkerque. Aliments pour bétail et oléagineux à 2 Mt gagnent 12,4 %. Merci à la récolte historique de soja brésilien et aux tournesol et colza des rives de la mer Noire. Même avec une bonne campagne française, l’export d’1,4 Mt de céréales profite d’une forte demande mondiale, Méditerranée, Moyen-Orient et Afrique de l’Ouest essentiellement. De faible valeur mais important en tonnes, le sable de mer perd 15 % avec 1,4 Mt, la demande du BTP régional et du maraîchage local étant faible. Le trafic roulier gagne 2,2 points, grâce à la montée en puissance de l’autoroute de la mer Montoir-Gijón, et le maintien de la liaison historique avec Vigo qui fête ses 30 ans. La ligne Milk Run Med dédiée à Airbus et au fret de complément s’est renforcée depuis l’été avec une escale à Tanger, s’ajoutant à la rotation Montoir-Pauillac-Tunis-Naples-Cadix.