Avec 90,4 Mt, Haropa, regroupant les ports du Havre, de Rouen et de Paris, a affiché un trafic en croissance de 6 %. « Des résultats satisfaisants », a souligné Hervé Martel, président du GIE Haropa. Des chiffres qui sont à comparer avec une année 2012 dont le bilan a été plutôt morose. Ainsi, sur les vracs liquides, si globalement le cluster portuaire reprend 1 % grâce à une reprise du pétrole brut de 6 % à 23,7 Mt, ces données se comparent aux résultats de 2012 qui ont atteint un plancher historique. « En 2012, nous avons atteint un trafic historiquement bas sur le pétrole brut. Notre reprise de 6 % n’est qu’une remontée mais nous ne verrons plus les trafics de pétrole brut que nous avions avant les années 2000 », constate Hervé Martel. Cette baisse du brut a été largement compensée par la progression des produits raffinés.
Du côté des vracs solides, la bonne campagne céréalière 2012-2013 a dopé ces trafics. La filière céréalière enregistre une progression de 35 %. Le charbon a suivi le mouvement avec une hausse de 26 % à 2 Mt, mais dans ce secteur, 2012 a été aussi un point bas historique.
Enfin, pour les diverses, l’activité conteneurs voit son trafic augmenter de 6 % en nombre d’EVP à 2,5 MEVP, et de 8 % en tonnage. « Ce chiffre est encourageant. Il s’agit de la seconde meilleure année depuis 2007, soit avant la réforme portuaire. Elle démontre la reprise de confiance de nos clients. » En outre, le développement de MSC sur Port 2000 a participé à cette performance. Quant au roulier, il a été plus nuancé. Si les trafics transmanche ont augmenté de 25 %, notamment avec l’arrivée de Britanny Ferries pendant la période estivale, le trafic roulier a été moins à la fête. Avec une perte de 10 %, le terminal souffre d’une économie de l’automobile en régression en Europe. Pire, dès les premiers jours de 2014, Nissan a annoncé son transfert depuis Le Havre vers Zeebrugge. Hervé Martel se veut optimiste. « Nous regrettons amèrement la décision de Nissan », mais il assure une mobilisation de toutes les équipes pour retrouver un accroissement d’activité sur ce terminal.
La réorganisation des quais de Port 2000
Parmi les événements marquants de l’année passée, Hervé Martel a dressé un rapide coup de projecteur sur les différents changements intervenus au cours des douze mois précédents. Concernant Port 2000, le président du GIE est revenu sur la montée en puissance du terminal. « Nous accueillons trois opérateurs sur ce terminal. Avant la fin de l’année, nous avons signé une convention avec l’un d’eux pour déplacer ses postes à quai. Nous sommes en discussion pour signer avec l’autre opérateur. Au 15 février, nous disposerons de dix postes à quai sur ce terminal. » Les deux derniers postes à quai restant sur ce terminal ont fait l’objet d’un appel à manifestation au cours du mois de juillet. « Nous avons reçu des propositions que nous étudions. Rien est encore décidé », a continué le président du GIE en soulignant que le choix interviendra dans le courant de l’année. Outre ces deux derniers postes à quai de Port 2000, l’avenir des terminaux Osaka et Asie sont aussi à l’étude. Le projet pour ces deux terminaux dans l’enceinte traditionnelle du port doit être mené à son terme dans une échéance de 18 mois. Pour Port 2000, la mise en service des deux derniers postes, soit 700 mètres linéaires, est prévue pour 2020. Autre sujet abordé à propos de Port 2000, la colère récente des organisations des transporteurs routiers, par l’intermédiaire du Grap (Groupement routier des activités portuaires), suscite bien des interrogations sur les dessertes des terminaux de Port 2000. Les transporteurs routiers s’inquiètent des attentes devant les terminaux, pouvant parfois aller jusqu’à deux heures. Le président du GIE nous a confié que ce souci est en passe d’être résolu par la mise en place de rendez-vous afin de fluidifier les arrivées et sorties des camions. Outre les nouveautés de Port 2000, les représentants du GIE ont rappelé qu’au travers du document Haropa 2030, les trois ports de la Seine visent à devenir un cluster de la logistique portuaire qui passe notamment par l’industrialisation des quais. En effet en 2013, après Total, Chevron Oronite a réalisé de nombreux investissements tout comme LBC Sogestrol qui prévoit d’investir 245 M€ pour augmenter de 100 000 m3 ses capacités de stockage. À Paris, France Boissons s’est implantée sur le site de Gennevilliers pour la distribution auprès des détaillants et des grossistes.
La reconfiguration du paysage armatorial
En 2014, la reconfiguration du paysage maritime avec la mise en place d’alliances de grande envergure dans la conteneurisation devient un élément qui va modifier sensiblement le paysage maritime. Ajouté à cela, le tassement de la croissance en Chine rééquilibre les imports et exports du port. Du côté du fluvial, l’accès à Port 2000 pour des unités adaptées est revenu sur la table. « Un nouvel arrêté pour l’accès de barges à Port 2000 par l’estuaire de la Seine a été signé. » L’accès direct par un système de « chatière » revient. Les trois premières années du contrat de Plan État Région consacreront une partie des fonds pour les études. Et en parlant de fluvial, le projet de Seine-Escaut a été abordé. « Nous avons beaucoup à faire sur notre périmètre. Nous nous inscrivons dans une perspective de réseau qui comprend la Seine amont et la Seine aval. Nous y voyons un intérêt », a confirmé Hervé Martel.
Haropa et Ports normands associés signent une convention de partenariat
Le 23 janvier, Hervé Martel, président du GIE Haropa, et Jean-Michel Sévin, directeur général de Ports normands associés (PNA), regroupant les places portuaires de Caen et de Cherbourg, ont signé une convention de partenariat. Pour le président d’Haropa, Hervé Martel, la communauté d’intérêt dépasse les trois ports de la Seine. Elle va au-delà et déjà Haropa a signé des conventions de partenariat avec des ports fluviaux comme Gron et Nogent-sur-Seine. Pour le directeur général de PNA, ce partenariat s’inscrit dans une logique de durabilité pour mettre en exergue les synergies entre les ports. « Nous avons déjà des sujets sur lesquels nous travaillons, à l’image des conteneurs, du LNG comme soute, des énergies marines renouvelables et de la croisière », a continué Jean-Michel Sévin. Sur la filière conteneur, PNA et Haropa travaillent depuis quelques années sur une navette entre les deux ports. Après avoir eu des déconvenues sur l’emplacement du terminal à conteneur de Caen, l’aspect foncier de ce projet touche à sa fin. L’espace à Caen est prévu et il faut finaliser les discussions avec les autres entreprises pour réorganiser le port. Il reste aujourd’hui à adapter le matériel pour le chargement et le déchargement des boîtes. Dans ce projet, le but de Caen serait de devenir une base arrière du Havre pour les boîtes vides sans pour autant que ces boîtes ne soient pleines sur un seul trajet, aller ou retour. « Il convient aujourd’hui d’avoir l’accord d’un armateur pour que le processus se déclenche. Nous ferons tout notre possible pour que cette navette démarre ses opérations dans le courant de l’année, si les derniers points de blocage sont levés », a assuré Jean-Michel Sévin qui a soutenu que ce projet est essentiel pour PNA et ses chargeurs. D’autres sujets doivent encore être mis sur la table entre les deux autorités portuaires. Parmi les thèmes à creuser se retrouvent le transmanche – pour lequel Le Havre, Caen et Cherbourg sont parfois en concurrence, « même si pour les uns et les autres, les chiffres ne sont pas impactés par la proximité des ports », a souligné Jean-Michel Sévin –, le trafic roulier de véhicules neufs et les vracs. Sur ce dernier point, des premières opérations ont eu lieu en déchargeant un navire partiellement à Cherbourg et ensuite à Rouen. Signée aussi par le ministre en charge des Transports et de la Mer, Frédéric Cuvillier, « cette convention a du sens », a souligné le ministre. Elle permet de donner une « visibilité et une nouvelle lecture des infrastructures portuaires locales ».