Le consortium exploitera sur 35 ans ce gigantesque champ pré-salifère: d’une superficie de 1 500 km2, Libra devrait produire 1,4 million de barils de brut par jour (bbj) dans cinq ans, alors que la production actuelle totale du Brésil est de 2 Mbbj. Ces premières enchères pour l’attribution des gisements du secteur pré-salifère brésilien ont été un test important pour l’avenir, sachant que les prochaines enchères ne devraient pas avoir lieu avant deux ou trois ans.
L’exploitation de Libra s’avère par ailleurs un véritable défi, en termes de technologies et d’infrastructures. À lui seul, ce champ pré-salifère devrait mobiliser de 12 à 15 plates-formes et jusqu’à 90 navires pétroliers. Quant à la flotte de navires de soutien logistique, elle pourrait connaître une augmentation de 65 % d’ici la fin de la décennie et atteindre un total de 750 embarcations. Face aux nouveaux besoins générés par cette exploitation, les infrastructures portuaires du pays s’avèrent insuffisantes pour pouvoir accueillir une flotte en plein essor. De Vitória (État de l’Espírito Santo) jusqu’à Angra dos Reis (au sud de Rio de Janeiro), de nombreux projets de terminaux portuaires privés sont évoqués, incluant des entreprises telles que Bram Offshore, LLX, BR Offshore, DTA et Technip. Dans un communiqué, Petrobras confirme que l’agrandissement et la modernisation des infrastructures portuaires au Brésil sont d’une « importance extrême » pour le développement de toute la chaîne logistique de soutien au secteur gazier et pétrolier. L’entreprise Wilson Sons a ainsi un projet de terminal à Rio de Janeiro, où elle prévoit d’investir 100 millions de réais (l’équivalent de 32 M€) afin d’agrandir le bassin d’accostage destiné aux navires de soutien logistique. De son côté, Technip prévoit l’extension de son quai d’accostage et de l’arrière-port à Angra dos Reis. À Maricá, DTA développe le projet des terminaux de Ponta Negra: l’investissement inclura des structures pour transporter le pétrole produit dans les baies de Campos et Santos, ainsi qu’un terminal spécialement dédié au soutien logistique maritime. Quant au port de Rio, il envisage une extension de 1 400 m de quais pour accueillir des concessions dédiées à ce type d’embarcations.
Un essor de la construction navale?
L’exploitation de Libra devrait enfin doper la construction navale brésilienne. Mais à quel point? Certains experts avancent que l’industrie navale brésilienne devrait employer 100 000 personnes d’ici à 2016 (contre 2 500 en 2003), notamment en raison de la règle de « contenu national » exigée par l’Agence nationale du pétrole: 55 % des équipements devront être produits localement au cours de la phase s’étirant jusqu’à 2021. Pour Celso Costa, président de Siem Consub, une grande partie des embarcations commandées par Petrobras à l’avenir devrait venir de l’extérieur en raison de tarifs plus attractifs, à l’instar de la situation actuelle: sur les 453 embarcations de soutien logistique en opération au Brésil, 216 seulement sont brésiliennes, et 237 étrangères. Petrobras ne confirme pas vraiment ce point de vue. Pour les besoins immédiats, le géant pétrolier pourrait en effet se tourner vers le marché étranger. En revanche, sur le plus long terme, les embarcations made in Brazil devraient l’emporter. « En raison de la législation en vigueur, nous signons prioritairement des contrats avec le marché brésilien, mais en cas d’absence d’offre d’embarcations sous pavillon brésilien, des embarcations étrangères déjà existantes sont alors contractées », déclare le géant pétrolier.