JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): LE HAVRE A TOUJOURS EU DU RETARD FACE À SES CONCURRENTS. COMMENT VOYEZ-VOUS L’AVENIR À PLUS OU MOINS LONG TERME?
HERVÉ MARTEL (H.M.): Nous avons, avec ces ports, un même niveau de compétitivité. Au Havre, nous avons une ambition forte mais également raisonnée. Nous avons des objectifs à atteindre par zone géographique. Il faut rester cohérent. Nous n’allons pas, par exemple, chercher des trafics en Pologne comme le fait Hambourg. Un port nord-européen, c’est en moyenne un trafic de 10 MEVP par an. À plus ou moins long terme, Le Havre ne dépassera pas les 5 MEVP à 6 MEVP. Mais c’est déjà quelque chose d’ambitieux de notre part, car il s’agit de doubler le trafic. Le but est de rester dans la cour des grands.
JMM: LE TRAFIC CONTENEURS EST EN PROGRESSION DE 7 % DEPUIS LE DEBUT DE L’ANNÉE. QUELLE EST VOTRE ANALYSE?
H.M.: C’est un ensemble de facteurs. Mais c’est essentiellement lié à la montée en puissance de TNMSC à Port 2000. Le transbordement tire la croissance vers le haut. C’est d’autant plus positif que le trafic des ports concurrents d’Europe du Nord stagne, voire régresse. C’est également un bon signe car l’économie en général n’est pas encore sortie de la crise. Localement, une vraie dynamique s’est créée. On le sent aussi avec les investisseurs. Cela veut dire, concrètement, que nous reprenons des parts de marché au moment même où les trois plus grands armements mondiaux se regroupent. J’admets qu’il existe au Havre un volume d’heures non travaillées chez les travailleurs portuaires. C’est un sujet sur lequel nous devons être attentifs. Mais c’est aussi un signe de gain de productivité sur les terminaux.
JMM: LE PAYSAGE PORTUAIRE SE MÉTAMORPHOSE. QUELS SONT LES PLUS GROS CHANGEMENTS?
H.M.: C’est d’autant plus vrai avec l’arrivée programmée des usines d’Areva quai Joannès-Couvert pour la filière éolienne. C’est actuellement la plus grosse restructuration. Il y a aussi le réaménagement de la pointe de l’Escault en collaboration avec la Ville pour des activités liées au nautisme. Pour les conteneurs, deux appels à manifestation d’intérêt ont été lancés pour les postes à quai vacants de Port 2000 avec 700 m de quai. Il y a aussi 1 040 m de quais disponibles sur Asie-Osaka. Nous voulons être cohérents pour aménager les espaces portuaires. C’est pourquoi il existe un schéma directeur du port et de la nature qui est en cours d’élaboration pour planifier l’espace. Il y a des enjeux environnementaux. Un aménagement de terrain ne peut pas se faire n’importe comment. Il est exclu de déménager les paquebots et le terminal croisière de la Pointe de Floride. C’est une localisation adaptée proche du centre-ville pour les croisiéristes.
