Au cours des dix dernières années, au moins deux accidents ont concerné des unités fluviales et entraîné des interruptions de navigation de la voie navigable. En janvier 2011, le bateau-citerne Waldhof a chaviré et provoqué une interruption de navigation sur le Rhin pendant 32 jours. En avril 2007, l’automoteur Arc-en-ciel, descendant la Seine à destination du Havre, a perdu 30 conteneurs. La navigation a été stoppée durant sept jours. Dans les deux cas, la cause de l’accident est liée à l’instabilité des unités du fait du poids et de la disposition du chargement. En conséquence, la CCNR a mis en place un groupe de travail dont l’objectif est de réfléchir sur l’importance des questions de stabilité et la définition des conditions pour lesquelles un calcul de cette stabilité est nécessaire. Un premier bilan des travaux de ce groupe de travail a été présenté lors d’une table ronde début novembre. Le premier constat unanime des participants a porté sur « la complexité de la question de la connaissance du poids des conteneurs ». Autrement dit, il existe une large marge de progression pour obtenir des données suffisamment précises sur le poids des conteneurs. « À défaut, il faut trouver les moyens à mettre en œuvre pour mener des calculs de stabilité compte tenu de l’incertitude sur le poids de certains conteneurs », précise la CCNR. Sachant que « le résultat de ce calcul doit être fiable et doit permettre de garantir la stabilité du bateau, même si la qualité des données de départ, notamment le poids des conteneurs, ne relève pas de la compétence du batelier ». Ici, l’importance d’une formation initiale et continue tout au long de la vie professionnelle apparaît essentielle au vu de la complexité des calculs de stabilité.
Des bonnes pratiques
Il existe aussi au sein de la profession fluviale « un ensemble de bonnes pratiques qui permet de pallier le manque de précision sur le poids des conteneurs ». Grâce à elles, le nombre d’accidents liés à des conteneurs est relativement faible. « Ceci est extrêmement important car de tels accidents peuvent avoir des conséquences extrêmement dommageables pour la navigation, pouvant aller jusqu’à l’arrêt complet du trafic », comme le montrent les exemples au cours des dernières années écoulées. De nouveaux outils de contrôle de la stabilité, par exemple des calculateurs de chargement ou des mesures d’enfoncement réalisés en différents points de la coque, sont également disponibles. « Lorsque ces équipements sont installés à bord des bateaux, ils fournissent une aide précieuse au conducteur pour assurer la stabilité de son unité en permanence », expliquent les membres du groupe de travail de la CCNR.
Un défi à relever
Un deuxième constat a mis en avant que « la connaissance du poids des conteneurs est une donnée nécessaire à l’ensemble des acteurs de la chaîne de transport ». Ce qui signifie que les professionnels du monde fluvial ne peuvent régler seuls cette question car ils ne représentent qu’un maillon de la chaîne logistique. La prise en compte des travaux menés par les autres acteurs, notamment du monde maritime au sein de l’Organisation maritime internationale (OMI), est incontournable, ont souligné les experts de la CCNR. Sachant que l’OMI envisagerait deux pistes. La première confierait la pesée des conteneurs au chargeur, par exemple dans les terminaux maritimes. La deuxième solution serait de faire déterminer le poids par le chargeur au moyen de l’addition des poids individuels du chargement, des dispositifs d’emballage, du chargement et des conteneurs, puis de confier à une société indépendante la vérification de ce processus et l’établissement d’une certification.