« La navigation fluvio-maritime est une variante particulière du Short Sea Shipping. Avec celui-ci, les marchandises sont transportées sur des routes maritimes d’un même continent. Avec le fluvio-maritime, les marchandises parcourent à la fois des voies de navigation maritime et intérieure », rappelle la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) dans sa publication intitulée Observation du marché de la navigation intérieure publiée fin septembre 2013. Les limites entre les voies de navigation maritimes et intérieures relèvent de la compétence des États suivant des critères définis au niveau international. Le transport fluvio-maritime peut être assuré par des bateaux particuliers ou par des navires de mer capables d’utiliser les voies de navigation intérieure. Selon la CCNR, au cours des dernières années, « les armements néerlandais ont fait construire des bateaux fluvio-maritimes présentant un enfoncement plus faible et pouvant ainsi étendre leur rayon d’action plus loin dans l’hinterland ». Toutefois, même ces nouveaux navires fluvio-maritimes ne peuvent « accéder que de manière limitée aux terres intérieures car, pour des raisons de sécurité sur la partie maritime du transport, leurs dimensions doivent respecter un niveau minimum ». Et là réside le principal frein au développement du transport fluvio-maritime. Son avantage majeur est la suppression des temps et des coûts de manutention dans les ports.
Des conditions naturelles particulières
La CCNR estime qu’environ 80 à 90 Mt de marchandises sont transportés chaque année en Europe. Avec 40 Mt, la Grande-Bretagne est la nation leader incontestée du fluvio-maritime au sein du Vieux Continent. À lui seul, le transport fluvio-maritime international, c’est-à-dire entre un port maritime étranger et un port intérieur britannique, représente un tonnage de 30 Mt. Un peu plus d’un tiers de ce total concerne des produits pétroliers suivis des conteneurs et des vracs secs. Les 10 Mt restants sont du transport fluvio-maritime national, c’est-à-dire reliant un port maritime et un port intérieur situés tous les deux en Grande-Bretagne. Avec un tonnage de 20 Mt, la Russie est le deuxième pays d’Europe en matière de transport fluvio-maritime. Ce pays « dispose d’excellentes conditions naturelles pour cette navigation, indique la CCNR. Les fleuves, comme la Volga et la Neva, sont très larges et permettent aux navires de mer d’accéder très loin à l’intérieur des terres ». En Grande-Bretagne, la Tamise et le fleuve Forth (Écosse) présentent des caractéristiques similaires. Il en va de même en Suède pour le fleuve Gota Alv, le Sodertalje Kanal et le Gota Kanal qui offrent des liaisons aisées entre les mers du Nord ou Baltique et les terres intérieures. Dans ces trois États, toutes ces voies de navigation intérieures peuvent accueillir des navires fluvio-maritimes de capacité supérieure à 3 000 t, voire à 4 000 t. Au classement du transport fluvio-maritime européen, la Suède occupe la troisième place avec 8 Mt. La France arrive ensuite avec 3,5 Mt réalisés sur deux fleuves: la Seine et le Rhône. Enfin, « en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, le transport fluvio-maritime ne représente qu’un faible pourcentage du volume total transporté sur les voies de navigation intérieure », souligne la CCNR. Dans ces pays, l’importance traditionnelle de la navigation intérieure freine le développement du transport fluvio-maritime.