La zone industrialo-portuaire de Fos a célébré ses 30 ans en retenant comme date de naissance l’année 1964 durant laquelle a été signé le décret ministériel reconnaissant la portée nationale du chantier qui allait s’ouvrir. Pour ses 50 ans, c’est 1963, date à laquelle le Syndicat mixte d’aménagement et d’équipement a été créé, qui a été arrêtée. Ce petit changement de curseur n’est pas innocent. Il marque l’empreinte désormais portée par le local sur un projet baptisé alors « le grand séisme ». Dans la boue du « chantier le plus important du monde », entre Camargue et Crau, devait surgir les bases d’une immense zone industrielle les pieds dans l’eau s’appuyant sur un port moderne à trois darses.
Fos contre Phocée
Un demi-siècle plus tard, on peut mesurer que le séisme de départ a eu une réplique. De port du futur, les bassins de Fos sont devenus le cœur du port de Marseille. Ils ont traité l’an dernier près de 92 % du tonnage total de Marseille-Fos. La tendance n’est pas finie avec le réaménagement urbain du front de mer phocéen (opération Euroméditerranée) qui encourage le transfert de trafics vers l’ouest. Fos contre Phocée, pendant des décennies, la ligne de faille entre l’Est et l’Ouest a été brûlante. La fracture s’est réduite depuis avec la réalité. Si les entreprises portuaires et maritimes siègent pour l’essentiel à Marseille, l’activité se passe à 50 km de là. Et puis il y a le projet de métropole.
Les anniversaires servent à tirer un bilan et à se projeter dans l’avenir. Née dans la traîne de la comète des trente Glorieuses, la zone de Fos a dû se déployer à contre-courant des crises pétrolières et économiques. Aujourd’hui, le développement de son activité industrielle doit aussi apprendre à compter avec la sensibilité environnementale des communes voisines. Le tableau de bord est contrasté. Le secteur du pétrole et de la pétrochimie est dans le rouge. Le pipeline européen (SPSE) est en train de s’assécher. La sidérurgie, avec Arcelor Mittal, n’a plus l’assurance d’une santé de fer. L’énergie reste une piste d’avenir. Le trafic des gaz (GNL-GPL) se détend. L’éolien et le solaire suivent une ligne en pointillé. Le traitement des déchets avec l’incinérateur de la communauté marseillaise et l’approvisionnement de la centrale thermique de Gardanne sont garantis. Les vracs solides se consolident.
Le virage de la logistique
La grande nouveauté de ce début de millénaire sont les marchandises diverses, notamment les conteneurs. Fos 2XL a décollé, en attendant les renforts de Fos 3XL et 4XL. La zone industrielle a su en même temps prendre le virage logistique. Après avoir patiné à ses débuts, Fos Distriport déborde aux alentours. Les grands distributeurs s’agglutinent autour des installations de Fos. Ils y trouvent des atouts supplémentaires à la présence du port: de vastes zones aménageables et une desserte véritablement multimodale. Fer, fleuve et route sont engagés dans des chantiers d’amélioration. La zone de Fos gagnée en partie sur l’eau marque des points sur terre. Mais il faudra encore attendre avant d’accomplir l’objectif d’il y a un demi-siècle: rivaliser avec les grands ports d’Europe du Nord.
La ZIF en chiffres
• 9 750 ha dont 2 648 classés en espaces naturels préservés
• 13,6 km de quai
• 20,5 m de tirant d’eau maximum admissible
• 110 km de voies ferrées
• 4 494 escales (2012) soit 12 navires/jour en moyenne
• 35 entreprises industrielles et 26 sociétés liées à la logistique sont basées sur la ZIF
Trafics ZIF
• 1966: 56 487 Mt dont 97 % d’hydrocarbures, 1,9 % de vracs solides et 1 % de marchandises diverses (conteneurs).
• 1976: 98 388 Mt dont 90 % d’hydrocarbures, 7,5 % de vracs solides et près de 2 % de marchandises diverses.
• 2012: 78 731 Mt dont 66,8 % d’hydrocarbures, 15 % de vracs solides et 14 % de marchandises diverses.
