Selon un document publié sur le site internet du ministère des Transports chinois le 23 août, les navires de type Valemax pourraient faire escale dans les ports chinois. Entre le gouvernement chinois et le minier brésilien, les relations se jouent sur l’air de « Je t’aime moi non plus ». Dans ce document, le ministère chinois accepterait de recevoir des navires de ce type selon les capacités des ports et sous réserve d’acceptation. Selon un responsable du ministère, cette proposition n’est toujours pas validée et pourrait être modifiée en fonction des consultations, explique une dépêche de Reuter. Le document doit encore faire l’objet de retour par les autorités portuaires, les armateurs et les autorités maritimes locales.
L’association des armateurs chinois et celle des ports chinois ont déclaré attendre la réaction de leurs adhérents avant de se prononcer. De l’autre bord, pour le minier brésilien Vale, cette décision serait bienvenue. Elle lui permettrait d’offrir au marché de la sidérurgie chinoise des produits miniers dont le coût de transport serait réduit d’un tiers, et donc d’être plus compétitif par rapport à ses deux grands concurrents Rio Tinto et BHP Billiton qui alimentent le marché chinois en minerais depuis l’Australie.
Le retour en grâce des navires Valemax en Chine reste avant tout le résultat de négociations entre les gouvernements chinois et brésilien. Pour le secrétaire général de la CSA (Chinese Shipowners Association), Zhang Shouguo, ce document ne signifie pas que les navires de type Valemax pourront entrer dans les ports chinois. « La tendance actuelle est de voir des navires de plus en plus grands, plus économiques en consommation de soutes et de plus en plus spécialisés. L’objectif de ce document doit avant tout sécuriser les ports lors de la réception de ce type de navires », a souligné le secrétaire général de la CSA.
Sécuriser les ports chinois
Au début de l’histoire de ces navires Valemax, aussi appelé Chinamax, ce sont les armateurs chinois qui ont mené une campagne pour les interdire. Lors du chargement du premier navire, en novembre 2011, dans le port brésilien Ponta da Madeira, des ballasts du navire, fraîchement sorti des chantiers chinois, ont subi des dommages. Ce ne sera qu’en début d’année 2012 que le premier et seul Valemax pourra entrer dans un port chinois, à Dalian. Dès lors, les armateurs chinois, pour préserver leur marché, entrent dans une campagne de lobbying auprès du gouvernement de Pékin. Une action réussie puisque les navires sont interdits en Chine dès le mois de février 2012. Pour contourner cette interdiction, le minier brésilien modifie son organisation logistique en prévoyant, dans la baie de Subic, aux Philippines, de transborder ses minerais depuis les navires Valemax sur des unités de plus petite taille. Vale peut commercialiser ses produits sur le marché chinois mais à des prix peu compétitifs par rapport aux miniers Australiens. Il faudra attendre le mois d’avril pour voir de nouveau un Valemax entrer dans un port chinois, à Lianyungang.
L’organisation logistique avec transbordement aux Philippines fonctionne toujours sans satisfaire commercialement le groupe Vale. Il reste que les ports chinois ne disposent pas de la capacité suffisante pour recevoir ces navires à pleine charge. Des travaux sont en cours dans plusieurs ports minéraliers de l’empire du Milieu. Actuellement, la capacité maximale ne peut excéder des navires de 300 000 tpl. De plus, outre ces travaux portuaires, les armateurs chinois ont eu le temps de fourbir leurs armes face au concurrent Vale. Ils disposent de navires moins consommateurs de fioul et de plus grande capacité même si ces nouvelles unités ne sont pas aussi grandes que les Valemax. Si les conditions politiques pour un retour des Valemax en Chine sont réunies, les conditions nautiques, portuaires et économiques ne sont pas encore toutes résolues.
