« Sur trois trafics énergétiques, deux marchent », s’encourage Patrick Eschenbrenner, chef du service de prospective. L’optimisme est de rigueur quand les six premiers mois de l’année 2013 n’ont pas été bons. Moins 21,8 % du côté des importations et + 8,5 % pour les exportations: au final, un recul, tous trafics confondus, de 13 %. Le port a revu à la baisse son objectif de 29 Mt pour 2013, déjà en retrait par rapport à 2012.
Mais même dans l’énergie, le tableau n’est pas si rose. Le gaz? Moins 63 %. Un navire par mois accoste en provenance du Nigeria, au lieu des quatre d’avant le basculement mondial du gaz vers l’Asie suite à l’accident de Fukushima. Le terminal méthanier de Montoir a accueilli huit navires de janvier à juin. Le port envisage de « faire le gros dos » d’ici 2015 ou 2016 avec un trafic annuel d’un à deux millions de tonnes par an contre plus de cinq dans les années 2000. Léger espoir, Montoir s’oriente de plus en plus à l’export. Deux méthaniers peuvent y transborder directement leur cargaison depuis cet été. Marché visé, les méthaniers brise-glace de l’Arctique ayant besoin de transférer leur cargaison dans des méthaniers standards. Ils peuvent le faire en 48 h, bientôt en 24 h. Volume de trafic espéré, jusqu’à 500 000 t par an, précise Elengy, propriétaire du terminal de Montoir.
Du côté du pétrole, le trafic du 1er semestre 2013 a été pénalisé par l’arrêt d’une partie de la raffinerie de Donges pour travaux de maintenance et équipement à la « conversion profonde ». Le traitement des pétroles bruts de fond de cale devant respecter de nouvelles normes. Le trafic global, à 7,41 Mt, a reculé de 9,6 %: − 13 % pour les importations et − 1,2 % pour les exportations.
Le trafic de charbon continue de bénéficier des prix bas provoqués par les excédents de production des États-Unis. À 1,1 Mt, il est en augmentation de 37 % et devrait terminer l’année à 1,9 Mt en dépit d’un court arrêt pendant l’été. La centrale de Cordemais brûle de tous ses feux pour alimenter la Bretagne en électricité.
Du côté des autres vracs secs, les importations de composants d’engrais (phosphate, potasse, ammoniaque) continuent leur décroissance: − 30 % à 150 000 t. Les agriculteurs français utilisent moins d’engrais. L’usine Yara de Montoir fabrique donc des composés de plus en plus complexes, quasiment à la carte, et commence à les exporter. Le sable de mer, lié au marché morose des BTP, est en baisse de 18 %. Les arrivages d’aliments du bétail ont été ralentis (− 9 %) par l’engorgement des ports du Brésil pour l’envoi de tourteaux de soja.
Heureusement, la campagne de céréales s’est accélérée en passant de 345 000 t l’an dernier à 729 000 t (+ 110 %). Les conteneurs sont en aussi progression, plus modeste, de 4,8 % en tonnage et 2,8 % en nombre d’EVP. Une partie de ces flux s’explique par les bois d’Afrique, d’Amazonie et du nord de l’Europe arrivant désormais en conteneurs pour l’industrie du meuble de l’ouest de la France. Le trafic roulier est lui aussi en progression (+ 7,7 % à l’import, + 8 % au total). Par les autoroutes de la mer vers Gijón et Vigo (Espagne) remontent de plus en plus de voitures neuves low cost – et aussi d’occasion – des usines et concessions Peugeot et Renault, en Espagne, au Portugal, au Maroc et en Turquie. Et aussi par la « Milkrun Med », la ligne régulière amenant vers Toulouse, à l’aide de quatre navires, les pièces d’Airbus en provenance d’usines de Tunisie et d’Europe dont celles de Nantes et de Saint-Nazaire.