En 2010, la modernisation du canal a débuté dans le cadre du premier contrat de projets interrégional plan Rhône (CPIER) 2007-2013. Trente postes de travaux sont planifiés sur une dizaine d’années, ils représentent un programme d’investissement d’un budget de 100 M€ cofinancé par la région Languedoc-Roussillon, VNF (Voies navigables de France) et l’État. « Nous sommes dans une logique d’itinéraire de Sète à Saint-Gilles. Si les travaux engagés portent leurs fruits, l’objectif n’est pas encore atteint de faire transiter le navire-projet dimensionnant les ouvrages », précise Denis Massol, chef de service stratégie et développement portuaire (conseil régional Languedoc-Roussillon).
« L’objectif est de mettre au gabarit le canal pour permettre la navigation des automoteurs de la classe intermédiaire des 2 500 t d’emport, contre 250 à 1 000 t auparavant, de 120 m de long et de 11,40 m de large », explique Jérôme Quittard en charge des grands travaux à VNF, aux côtés de Laurent Gerin (responsable). Cela confortera le développement du port du Languedoc-Roussillon, second débouché maritime du bassin Rhône-Saône. Cela permettra de rendre cohérente la capacité d’emport de Sète à Pagny, en consolidant les trafics existants, vracs (sel, sable, graviers), céréales (avec pour donneur d’ordres Silo du Sud, Saipol), minerais (charbon) et engrais. pour cette filière, l’opérateur portuaire est NaviSud Est, et les principaux transporteurs sont la CFT, ACN, RTS, AMB et Sea Invest). Il s’agit aussi de développer de nouveaux trafics, précisément celui des conteneurs maritimes high cube. « En 2011-2012, un nouveau trafic a vu le jour, celui du transport des terres argileuses, avec 155 000 t en 2011 et 231 000 t en 2012 », souligne Myriam Delbar, attachée valorisation VNF.
Mais il y a d’autres retours positifs sur le trafic, induits par l’action forte de la région Languedoc-Roussillon sur le port de Sète. La face ouest du quai J dédiée aux céréaliers permet d’accueillir des péniches et les décideurs du port ont incité les opérateurs à prendre des engagements de trafic pour circuler sur le canal. De fait, plus de céréales transitent par la voie fluviale. « Nous avons des retours de mariniers qui apprécient les travaux qui contribuent à assurer la fluidité avec un canal à sens unique », souligne Denis Massol. Ainsi, les trafics montants sont en très forte hausse, plus 224,66 %. Le trafic total pour le mois de décembre 2012 est de 45 688 t, soit une augmentation de 65 % par rapport au mois de décembre 2011. Sur un trafic total au 31 décembre 2012 de 579 304 t, les montants assurent un trafic de 399 764 t, soit 69 % du trafic global, et les avalants 179 540 t, soit 31 % du trafic global. « Les marchandises les mieux représentées sont ainsi à la remonte, les terres argileuses, les engrais, la bauxite, les tourteaux, et à la descente, les graines oléagineuses, les sables, suivis des céréales et des tourteaux », analyse Brahim Louafi subdivisionnaire de Frontignan.
Le canal offre aussi une opportunité d’essor pour le port de l’Ardoise, situé sur la rive droite du Rhône. Dans son prolongement, le Rhône et la Saône donnent accès à un territoire qui s’étend jusqu’à 600 km. Il s’inscrit dans la stratégie régionale du développement de tous les modes de transports alternatifs à la route.
Les grands chantiers en cours et à venir
Afin de permettre le transport de conteneurs maritimes, les ouvrages vont être relevés sur le parcours entre 60 et 90 cm, augmentant ainsi le tirant d’air à 5,94 m et rendant le canal accessible à une flotte avec 2 niveaux de conteneurs. Actuellement, ce sont des bateaux de commerce type Freycinet, rhodaniens et canadiens, qui transitent par le canal. À ce jour, le pont de Franquevaux est le seul ouvrage achevé dans le cadre du plan actuel qui comprend les ponts de Carnon, Lunel, Tourrandons et Espeyran.
Pour diminuer le temps de parcours d’un bout à l’autre du canal de 18 heures à seulement 12 heures, VNF a diagnostiqué plusieurs points noirs: le chenal de navigation de la ligne droite de Carnon, un plafond et un miroir très variables, la nécessité d’augmenter les zones de croisement et des postes d’attente pas assez nombreux, rescinder les courbes au rayon insuffisant et créer une surlageur.
Le chantier de Carnon est fini pour un coût de 19,5 M€ et vient d’être inauguré le 31 mai en même temps que la zone de croisement des Aresquiers. Ont assisté à la cérémonie, entre autres, le sénateur de l’Hérault, membre de la Commission du développement durable, Robert Navarro, le préfet de région Languedoc-Roussillon et Hérault, Pierre de Bousquet, le directeur général de VNF, Marc Papinutti.
Ce chantier représente l’investissement majeur du projet de modernisation du canal du Rhône à Sète, avec l’élargissement de la ligne droite sur un linéaire de 9 km avec un plafond qui passe de 6 à 16 m et un mouillage garanti de 3 m. Pas moins de 490 000 m3 de déblais ont été extraits du canal par la société DTP Terrassements Tournaud, en charge de tous les terrassements des berges fortement dégradées, des chemins de halage et des aménagements paysagers.
Cependant, le canal du Rhône à Sète n’offre qu’une voie de navigation, mais le projet final prévoit des zones d’alternat tous les 10 km. Pour l’heure, les croisements ne peuvent s’effectuer que sur deux zones, la zone de déviation d’Aigues-Mortes et les Aresquiers à Villeneuve-lès-Maguelone, aire de virement qui a été mise en service fin janvier. Elle offre une zone de croisement de 600 m réalisée en palplanches métalliques de 7 m et conduite par le groupement des entreprises EMCC/CAZAL sous la maîtrise d’œuvre d’Ingerop/Atelier le Fur paysages/Fondasol.
Les autres actions majeures du projet de modernisation (déclaré d’utilité publique par arrêté préfectoral du 13 janvier 2010) à engager sur le prochain CPIER sont la rehausse des ouvrages d’art, le rescindement des courbes, la finalisation de l’ensemble des postes d’attente et l’amélioration de la sécurité de navigation avec la réalisation d’aides à la navigation (feux, panneaux à message variable, cartes ECDIS, murs rouleaux du Vidourle).
Au cours de l’inauguration, tous les partenaires ont confirmé leur implication dans le projet. « Il faut que ce chantier aboutisse. La région a d’immenses ambitions », a assuré Robert Navarro, représentant de la région. De son côté, Marc Papinutti a évoqué « un chantier majeur, un des plus gros budgets pour la navigation pure réalisé par VNF avec une contrainte, celle de la fragilité environnementale du secteur. »