Le port l’a annoncé et passe désormais à l’acte. Il a pris la décision de confier la gestion du terminal portuaire du Verdon à un exploitant autre que BAT (Bordeaux Atlantique Terminal), société créée lors de la réforme portuaire et dont l’actionnaire principal est le manutentionnaire Sea-Invest. Un appel d’offres en vue de l’attribution d’une convention de terminal a donc été lancé. Les candidatures seront réceptionnées en juillet, et le port, durant l’automne, procédera à la sélection d’un nouvel exploitant « à même de réaliser les investissements nécessaires, d’assurer la pérennité de l’exploitation et de permettre le développement de l’activité conteneurs mais aussi de vracs ».
Ce futur titulaire devra en effet procéder à des investissements majeurs de plusieurs millions d’euros pour remplacer les deux portiques obsolètes, datant de plus de 40 ans et alternant depuis des années pannes et travaux, au grand dam de l’opérateur unique de la place, l’armateur MSC. La panne survenue sur le portique 202, et qui a conduit à l’arrêt depuis la mi-février de toute activité sur le Verdon – MSC escalant désormais à Bassens –, induirait des réparations pouvant aller de 600 000 € à plusieurs millions.
Le port de Bordeaux, qui a cédé l’outillage dans le cadre de la réforme, « non pour le racheter par la suite », attendait une implication forte de la société BAT, en conformité avec leur futur projet stratégique de spécialiser l’avant-port médocain sur le trafic conteneurs. « Cependant, le manutentionnaire BAT nous a indiqué qu’il ne pouvait pas remettre en service l’outillage faute de capacité d’investissement », déclare Christophe Masson, le directeur du port de Bordeaux, pour justifier la décision de cet appel d’offres. « La réforme portuaire prévoit que la manutention soit confiée à une société privée. Si celle-ci ne peut l’assurer, il faut prendre des décisions. Cela va dans la logique de la réforme. »
L’activité portuaire du Verdon ne pourrait, de fait, reprendre qu’en 2014, « au plus tard », selon Christophe Masson. Même si le port assure que l’un des portiques du Verdon, le 201, pourrait être désormais opérationnel, il se refuse à relancer le trafic conteneurs sur l’avant-port médocain. « Le trafic de MSC sera maintenu sur Bassens jusqu’à désignation d’un nouvel exploitant. Cette décision est partagée avec MSC. L’idée est de repartir sur des bases solides et fiables. Un terminal fonctionnant avec un seul portique nous paraît trop fragile. »
Par ailleurs, la question de la maintenance sur les outillages de l’ensemble des terminaux, partagée à des niveaux différents entre BAT et le port de Bordeaux (actionnaire à hauteur de 20 % de BAT), reste en suspens. Dernièrement, afin d’éviter la dilution des responsabilités et des pertes de temps décisionnelles, le port a proposé à BAT la mise à disposition d’une vingtaine de ses salariés pour une gouvernance unique de la maintenance. « Mais pour l’instant, sur ce sujet, nous n’avons pas eu de retour de la part de BAT », précise Christophe Masson.