À l’appel de la CGT, les cheminots se sont réunis à Grand-Quevilly, près de Rouen, pour évoquer la situation du fret ferroviaire et son avenir en Haute-Normandie. Pour Gilbert Garrel, le secrétaire national de la fédération CGT des cheminots, il y a urgence pour que l’État agisse, l’objectif étant de créer une bonne articulation entre le ferroviaire, le fluvial et le routier. Luc Delestre, secrétaire du comité d’établissement régional Normandie de la SNCF, n’hésite pas quant à lui à parler de « casse du fret ferroviaire » depuis plusieurs années. Le responsable indique qu’en 2007 déjà, les cheminots ont alerté les pouvoirs publics sur la dégradation du fret depuis 2003. À cette date, les trois centres de triage fret de Mézidon, Soquence et Sotteville, ont été fermés.
Le camion reste le transport privilégié
« Résultat, à Port 2000, au Havre, la part du fret n’augmente pas comme elle le devrait. Le camion reste le transport privilégié. La SNCF n’a plus les capacités en termes d’infrastructures et en moyens humains de répondre aux entreprises », martèle-t-il. Luc Delestre explique qu’il n’est plus possible de faire du transport de marchandises de proximité à quelques exceptions près. Aujourd’hui, 280 cheminots travaillent pour le fret sur la région haute-normande principalement sur Sotteville-lès-Rouen. Selon la CGT, Fret SNCF a annoncé pour 2013 la suppression de 84 emplois. Le syndicat indique que les effectifs étaient doubles il y a quatre ans. Un rapport commandé au cabinet Transversales et Samarcande a mis en lumière des infrastructures vieillissantes en Haute-Normandie avec des trafics essentiellement centrés sur les ports de Rouen et du Havre. Entre 1993 et 2006, la part modale du fer est passée de 7,2 % à 3,4 %. Selon la CGT, depuis l’ouverture à la concurrence en 2006, la part des nouveaux entrants, ECR, Colas Rail et VFLI, filiale de la SNCF, serait de 30 % en Normandie. Entre 2000 et 2009, la baisse des trafics de Fret SNCF s’élèverait à 60 % en France, et la Normandie et se situerait dans cette moyenne. L’urgence est d’autant plus grande que le futur terminal multimodal du Havre réclamera des créneaux supplémentaires. Une des solutions avancées est la modernisation de l’itinéraire Serqueux, Gisors en créant un nouveau linéaire fret pour renforcer la desserte du port du Havre. Un investissement qui s’élèverait à 300 M€.