Si, tous les ans, la récolte de soja génère de longues files de camions bloqués dans les principales zones portuaires brésiliennes, l’année 2013 s’illustre par l’ampleur du phénomène. Le Brésil, nouveau géant des matières premières, s’avoue dépassé par la saturation de ses ports face à cette récolte historique estimée à 83,5 Mt par le département américain de l’Agriculture (USDA), soit une hausse de 25 % sur un an. Le Brésil devrait ainsi devenir cette année le premier producteur et exportateur mondial de soja, dépassant les États-Unis. Pour mémoire, le Brésil s’affiche déjà comme le premier exportateur de sucre, café, jus d’orange, viande bovine et volaille, tandis que le maïs pourrait prochainement s’ajouter à la liste.
Pourtant, face à un secteur agricole en plein boom, les infrastructures ne suivent pas. Selon le World Economic Forum, le Brésil occuperait le 135e rang (sur 144 pays étudiés) pour la qualité de son infrastructure portuaire. Ses terminaux se révèlent moins efficaces et plus chers que ceux des pays développés. La situation actuelle ne surprend donc pas outre mesure les professionnels du secteur. Ainsi, le ministère du Développement, de l’Industrie et du Commerce extérieur brésilien vient de révéler une étude menée en 2012: les navires ont en moyenne attendu 18,7 jours pour pouvoir embarquer leurs cargaisons de maïs.
30 km de bouchons
À ces récoltes historiques et à l’insuffisance des infrastructures sont venus s’ajouter d’autres facteurs, tels que des pluies diluviennes et la législation qui limite les horaires de travail des chauffeurs de camion. Résultat: des files records, allant jusqu’à 30 km aux abords de Santos et un engorgement massif du port où près de 200 navires stationnent à quai, attendant leur chargement. Certains camions patientent plusieurs semaines pour décharger, créant de forts retards dans les carnets de livraison. Plusieurs clients, dont le groupe chinois Sunrise, ont déjà annulé leurs commandes.
La présidente, Dilma Rousseff, a décidé de s’attaquer au problème, lançant une vaste réforme portuaire dès le mois de décembre. Les investissements massifs annoncés (21 Md€, dont la moitié devrait être injectée avant fin 2014) s’avèrent plus que nécessaires pour agrandir et moderniser les installations portuaires. Nouveau cadre réglementaire, réorganisation de l’administration, planification, le plan du gouvernement inquiète néanmoins les dockers qui menacent régulièrement de se mettre en grève. Un mouvement qui tomberait mal dans un contexte déjà tendu.