La Chine affiche pour la première fois une croissance annuelle inférieure à 8 % et l’Inde a presque divisé par deux la sienne (+ 4,5 %). La puissance industrielle coréenne ralentit aussi. Seuls le Japon « post Fukushima » et les pays de l’Asean ont fait mieux en 2012 qu’en 2011.
L’essor du commerce international a été divisée par deux l’an dernier, notamment parce que les importations des pays avancés sont passées en deux ans de + 4,6 % à + 1,2 %. Les industries maritimes témoignent bien de ce phénomène. Les trafics de brut et de conteneurs ont légèrement reculé et dans la même proportion, de − 0,5 %. Les vracs secs affichent une croissance de 5,4 % contre 5,8 % en 2011. Déclinant vers l’Europe, ils sont dans une dynamique moins forte en Chine (+ 12,7 % à + 11,4 %).
L’Europe à la peine
Le total du trafic des dix ports majeurs du Range Nord n’a progressé que de 0,1 % en 2011. Le leader Rotterdam (+ 1,6 %) a vu ses vracs secs (agricoles comme industriels) reculer fortement (− 10,6 %). Les conteneurs ont été en baisse pour le nombre d’EVP (− 0,1 %) mais ont augmenté en poids (+ 1,5 %). Le pétrole brut (+ 6 %) et les raffinés (+ 11,4 %) aident le géant néerlandais à aller de l’avant. Les voisins sont dans le contraste, Amsterdam avec + 1,3 % et Zeeland Ports avec − 4,3 %.
En comparaison, le bilan belge est plus noir avec le recul des trois ports, Anvers (− 1,6 %), Gand (− 3,3 %) et Zeebrugge (− 7,3 %), le premier payant le recul du pétrole et des diverses, le deuxième du charbon et des minerais, le troisième du GNL, des conteneurs et du ro-ro. À Anvers, les conteneurs stables en nombre reculent en poids. Zeebrugge repasse sous les 2 MEVP (− 11,5 %). Les voitures dans le port du littoral belge restent stables à 1,7 million de véhicules.
Le bilan allemand est contrasté entre les performances de Brême (+ 4,2 %) et le recul de Hambourg (− 1 %). Le port de l’Elbe, outre le recul du charbon et des diverses, voit ses conteneurs chuter, comme en 2009 (− 1,7 % en EVP). Dans un même temps, le concurrent Bremerhaven profite de la rationalisation des services, + 3,4 % en EVP en 2012. Les voitures croissent elles-mêmes de 5,5 % (2,2 millions d’unités).
En Grande-Bretagne, comme en 2011, les trafics ont globalement baissé, non seulement à l’export (− 5 %) mais aussi à l’import (− 3 %). Les trafics unitisés (véhicules, remorques, conteneurs) sont dans le même cas (− 3,5 %). Dans ce contexte, la performance de Grimsby & Immingham (+ 5 %) est contraire aux autres grands ports, tous en recul, notamment Milford Haven affecté par la chute du gaz, et Londres qui a perdu dans l’année une raffinerie.
L’économie espagnole est très dégradée, mais le bilan portuaire national de 2012 affiche + 4 % de croissance. Pour les conteneurs, Algésiras (+ 13 %) profite toujours des difficultés de Tanger Med (− 13 %), Valence continue sa progression régulière (+ 3,3 %) qui l’a porté au rang de premier port à conteneurs de Méditerranée, alors que Barcelone (− 13 %) paye un marché domestique à la peine et des transbordements disparus.
Les vracs secs espagnols sont, eux, en forte augmentation notamment dans les ports industriels de la côte Nord. Les vracs liquides ne progressent qu’à la faveur de la performance du port pétrochimique de Huelva (+ 5 %) et surtout de la croissance de Carthagène (+ 35 %) qui tire les bénéfices d’une raffinerie dédoublée depuis 2011.
En Italie, l’année 2012 a été stable à Gênes (− 0,4 %), la forte hausse du conteneur (+ 11 % avec la barre des 2 MEVP franchie) équilibrant la chute des raffinés, du charbon et des diverses. Il s’agit là, avec Trieste (+ 2 %), de l’un des rares ports de la péninsule en expansion. La Spezia est en fort recul (− 9,5 %) en raison de la baisse du conteneur (− 11 %) et surtout du GNL (− 41 %). Le port de Livourne est lui aussi à la peine (− 7,6 %) avec une chute des boîtes (− 15 % exprimés en tonnage). Les reculs se constatent aussi à Ravenne (− 8 %), à Venise (− 3,7 %), à Ancône (− 5,5 %), à Naples (− 2 %) et à Tarente (− 14 %). Les conteneurs se réduisent à Tarente, alors que Gioia Tauro affiche une croissance insolente de 18 % grâce à la présence de MSC et Mærsk.
L’Asie contaminée
En 2011, l’évolution globale des ports chinois a été de près de + 13 %. Elle est tombée à 6,8 % en 2012. Les ports chinois poursuivent néanmoins leur progression dans le secteur des vracs avec, pour les ports industriels, des importations de pétrole et de fer toujours très importantes (+ 8 %) et de plus en plus de charbon importé (+ 60 %).
Les conteneurs progressent moins vite (de + 12,7 % à + 8,1 %). Shanghai, avec 32,5 MEVP, affiche un gain de seulement + 2,5 %. Au Sud, Hong Kong a confirmé encore en 2012 son déclin (relatif) comme port de référence pour la Chine méridionale. Le voisin Shenzhen est le deuxième port du pays, mais reste accroché depuis plusieurs années à 22 MEVP. Enfin, Canton a affiché en 2012 l’une des plus faibles croissances du pays.
Dans l’ensemble chinois, la performance la plus remarquable revient à Dalian au Nord (+ 25 %) suivi de Rizhao (+ 22 %), Yingkou (+ 20 %). Deux autres mégas ports à conteneurs du pays, Ningbo et Qingdao, ont gagné chacun 1 MEVP en un an au terme d’une croissance encore à deux chiffres, il en va de même pour Xiamen au Fujian. Seul le port de Pékin, Tianjin, a une performance un peu plus modeste (+ 6,1 %).
La Corée a vu ses ports progresser globalement de 1,6 %. Dans les trafics d’exportation, on remarque une hausse de 5 % pour les véhicules et de 4,1 % pour les conteneurs. Busan, cinquième port mondial et hub régional majeur, a eu une croissance de 5,7 %. Bien mieux que Kaoshiung (1,5 %), à Taiwan, où le port de Taipei se développe rapidement (+ 68 %).
Les statistiques détaillées font encore défaut au Japon. Du point de vue global, l’importation de pétrole brut a progressé de 2,2 %, mais surtout en conséquence de l’après-Fukushima, plus de charbon (+ 5,7 %) et de GNL (+ 5,8 %). Pour les conteneurs, les performances se profilent comme en recul (Yokohama, Osaka) ou de faible progression (Tokyo, Nagoya).
Singapour a repris une bonne dynamique en 2012 avec + 5,7 % pour devenir le second port au-dessus de 30 MEVP, alors même que le hub malaisien, concurrent de Tanjung Pelapas, n’a pas renouvelé une croissance à deux chiffres comme en 2011 (+ 2,9 %). Port Klang, le port de la capitale Kuala Lumpur et hub majeur, a franchi la barre des 10 MEVP (+ 2,5 %).
Reste du monde
La Russie affiche pour 2012 une élévation de ses trafics de 5,6 %. Le gros volume de pétrole progresse peu (1,8 %) face à une faible demande européenne. La baisse du brut touche Novorossisk, et en Baltique Primorsk, alors qu’Ust Luga démarre sa première année (14 Mt). Pour les vracs secs, les céréales gagnent 24 %, mais la récolte 2012-2013 est de petit volume. Le charbon affiche une croissance de 13 %, ce que l’on constate dans les ports russes de Ust Luga (+ 26 %), Vysotsk (+ 3 %), Mourmansk (+ 11,6 %) et Vostochny (+ 7 %), comme dans les terminaux lettons, Riga (+ 10,4 %) et Ventspils (+ 19 %).
Les conteneurs, pour l’ensemble de la Russie, progressent en tonnage (8,3 %), ce qui se traduit par une croissance des EVP à Saint-Petersburg (2,5 MEVP, + 6,7 %) et à Novorossisk (0,6 MEVP, + 4,4 %) et Vladivostok (0,4 MEVP, + 7,8 %).
Aux États-Unis, les hydrocarbures importés ont reculé (− 4,7 % pour le brut, − 20 % pour les raffinés), les grains exportés (céréales, soja) sont stables et le charbon reste très dynamique (+ 16 %). Pour les conteneurs, le bilan national affiche une légère progression à l’import (+ 1 %) et un recul à l’export (− 4 %). Le bilan des ports californiens (− 1 %) tient entre autres à la grève de 10 jours de l’automne, mais les trafics ont progressé dans le Nord-Ouest et sur la côte Est, sauf à New York qui est resté stable.
Le Brésil est devenu un géant portuaire, 904 Mt en 2012 (+ 2 %) avec une influence certaine de l’Europe en crise (recul du soja et de la bauxite, faible croissance du fer). Les conteneurs semblent aussi affectés avec seulement + 3,5 %, même si Santos (+ 6,8 %) dépasse désormais les 3 MEVP.
En Inde, les 12 ports majeurs devraient voir sur l’année fiscale 2012-2013 un léger recul (− 2,5 %), cela provient en grande partie des restrictions sur les exportations du fer qui ont divisé par deux le trafic. Les flux de conteneurs sont en léger repli (− 1,5 %) avec l’inertie des deux principaux ports (Nhava Sheva, Chennai). En revanche, le charbon progresse (+ 15 %), symbole de l’évolution du pays.
