L’Étang de Berre, le triangle d’or de la pétrochimie, est au centre d’un imbroglio capitalistique où plus d’un millier d’emplois directs sont menacés. Entre 15 000 et 25 000 emplois, si on compte l’ensemble de la chaîne induite par la fabrication du chlorure vinyle monomère (CVM), la molécule mère du PVC, une des matières plastiques parmi les plus courantes.
Quand, en 2011/2012, le groupe Arkema cède pour un euro symbolique son pôle de chimie vinylique à l’homme d’affaires américano-helvétique Gary Klesh, il ne manque pas de voix pour dire que la nouvelle entreprise est « mal née », qu’il s’agit « d’un plan social à retardement ». D’autant que Kem One sépare immédiatement les activités de production de celles de transformation. Les deux unités de Lavéra et de Fos produisent un total annuel de 525 000 t de CVM à partir des 300 000 t d’éthylène livrées par les raffineries locales. Tandis que les usines de Saint-Fons (Rhône), Balan (Ain) et Saint-Auban (Alpes de Haute-Provence) s’occupent de la transformation.
C’est l’activité amont qui est aujourd’hui sur la sellette. Suivant Gary Klesh, l’activité accuse un déficit de 125 M€ qui s’aggraverait de 10 M€ supplémentaires chaque mois. Le 27 mars, le groupe est placé en redressement judiciaire. Devant les salariés inquiets et médusés, Arkema et Klesch s’affrontent avec virulence en rejetant l’un sur l’autre la responsabilité de la situation. Le premier accusant le second de détournement social de moyens financiers et de déstabilisation du pôle, le second réclamant 310 M€ de dommages et intérêts.
Un nouveau dossier chaud qui met l’environnement industriel de Fos-Berre sous pression ainsi que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.