« L’année 2012 a été exceptionnelle, a déclaré Jacques Gounon, p.-d.g. d’Eurotunnel, lors de la conférence de presse sur les résultats du groupe le 21 mars. Le chiffre d’affaires du groupe frôle 1 Md€ (+ 14 %), l’Ebitda atteint 461 M€ (+ 10 %). Le résultat net est multiplié par trois comparativement à 2011 avec 34 M€ de bénéfice. » Représentant 78 % du chiffre d’affaires (CA) du groupe, la concession de la liaison fixe sous la Manche constitue le cœur de métier d’Eurotunnel. Le CA de la liaison fixe sous la Manche est en progression de 9 % à 777 M€ en 2012, porté par les navettes avec 478 M€ (+ 16 %) tandis que le ferroviaire est en repli de 1 % avec 286 M€. Au sein de l’activité navettes, le groupe met en avant l’essor du marché des camions. « En 2012, le nombre de camions transportés par les navettes, près d’1,5 million, a augmenté de 16 % par rapport à 2011 et a dépassé le niveau de trafic enregistré en 2007, avant la crise économique. » L’activité trains de marchandises par le tunnel sous la Manche enregistre un repli de 3 % en nombre de trains (2 325) et de 7 % en tonnage (1,22 Mt) en 2012. Cette situation « reflète l’arrêt par la SNCF de son activité de wagons isolés sur le transmanche et l’imposition par RFF d’une surtaxe au passage à Frethun », précise Eurotunnel.
Importance de l’activité ferroviaire portuaire
Dans le ferroviaire, le groupe compte une filiale dédiée, Europorte. « Avec un Ebitda de 3 M€, le redressement est acquis dans un marché très difficile et concurrentiel, a souligné Jacques Gounon. Europorte constitue le troisième opérateur de fret ferroviaire en Europe, le premier privé. » Europorte contribue à hauteur de 21 % au CA du groupe Eurotunnel avec 209 M€, en hausse de 28 % en 2012 par rapport à 2011. « Le transport ferroviaire constitue un élément essentiel de la compétitivité et de l’offre des ports, continue Eurotunnel. Dans ce cadre, Europorte a remporté tous les appels d’offres où il s’est porté candidat dans le domaine de la gestion d’infrastructures dans les grands ports maritimes (GPM) de la Rochelle, de Dunkerque, de Nantes Saint-Nazaire, du Havre, de Bordeaux et de Rouen. Sans oublier les appels d’offres des ports intérieurs de Paris et Strasbourg. » Depuis 2012, le groupe Eurotunnel est actif sur un troisième segment d’activité: le transport maritime transmanche avec MyFerryLink. La filiale du segment maritime d’Eurotunnel est responsable de la location des navires leur appartenant à la société d’exploitation, organisée en Scop externe au groupe, et de la commercialisation des billets de traversée transmanche des véhicules de tourisme et de fret. Suite à l’acquisition de trois navires de l’ex-Seafrance début juillet 2012, l’activité de MyFerryLink a commencé le 20 août avec deux unités, les Rodin et Berlioz après leurs travaux de réhabilitation. Sur les quatre premiers mois d’activité, MyFerryLink a réalisé un CA de 7 M€ et un Ebitda négatif de 13 M€. « Les résultats sont certes en perte, ce qui est normal pour une activité qui démarre tout juste, a relevé Jacques Gounon. Mais les chiffres sont en ligne avec nos objectifs. Le potentiel est grand et des résultats positifs sont attendus à partir de 2014. » Il reste à franchir l’étape de l’analyse de la reprise des actifs de Seafrance par l’Autorité de la concurrence britannique. Celle-ci a rendu un avis préliminaire le 19 février: l’entrée du nouvel opérateur MyFerryLink porterait atteinte à la concurrence sur le marché transmanche. Jacques Gounon conteste cette position et attend la décision finale pour avril. Sur ce sujet, il compte sur un accord entre les deux gouvernements situés de part et d’autre de la Manche. À défaut, le groupe ferait appel de la décision.
