La manutention demeure une activité en pleine croissance dans le monde. À regarder les résultats publiés par les grands groupes internationaux opérant dans ce milieu, les chiffres d’affaires sont en nette progression. Le groupe chinois Hutchinson Ports Holding affiche une croissance de 3 % de son volume d’affaires à 32,9 MdHK$ (3,3 Md€) quand le volume manutentionné de conteneurs a progressé pour sa part de 2 % à 76,8 MEVP. Les coûts ont augmenté corrélativement et impactent l’Ebitda qui augmente de 1 % à 11,4 Md HK$ (1,1 Md€). La bonne performance du groupe de Hong Kong tient principalement à la diversification de son réseau. Le groupe a investi dans les Émirats Arabes Unis, à Shanghai (dans le nouveau terminal de Waiqao), à Huizhou mais aussi à Brisbane (Australie) et Barcelone. En 2012 HPH a confirmé la tendance des années précédentes. La chine et Hong Kong ne représentent que 6 % du chiffre d’affaires quand l’Europe entre pour 33 %, l’Asie (hors Chine) et l’Australie pour 49 %. Et cette ouverture, le groupe la maintiendra en 2013 en ouvrant des terminaux au Mexique à Lazaro Cardenas, en Malaisie à Westport et en Australie à Sydney.
Cette tendance du « mieux ailleurs » se confirme dans le groupe de Dubaï, Dubaï Port World. La croissance de son chiffre d’affaires de 5 % à 3,1 Md$ et de 8 % de son Ebitda à 1,4 Md$ ne coïncide pas avec le volume. En effet, DP World a enregistré une baisse de trafic de 1 % à 27,1 MEVP. Une baisse que le groupe doit à ses positions en Asie Pacifique et en Amérique. C’est en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique que DP World a trouvé de la croissance. Ces trois régions ont vu leur volume d’affaires augmenter de 13 %, compensant ainsi les pertes enregistrées dans les autres parties de son réseau. Le groupe dubaïote souhaite appuyer sa croissance sur les marchés à fort potentiel. « Les classes moyennes vont jouer un rôle pour le futur », ont souligné les responsables du groupe lors de la présentation des résultats.
Le mieux est ailleurs
Sans dévoiler ses projets d’investissements à moyen terme, DP World affiche une sérénité pour 2013. Il attend l’ouverture de plusieurs terminaux dont le total apporterait une capacité supplémentaire de 10 MEVP au réseau. Ce sont d’abord deux terminaux à Jebel Ali qui pèseront 5 MEVP, à ouvrir en 2013 et 2014. Ensuite, le London Gateway est attendu pour le second semestre avec une capacité de 1,6 MEVP et, au Brésil, Embraport avec un volume de 1 MEVP pourrait devenir opérationnel dans les dernières semaines de l’année. Dès les premiers mois de 2014, DP World prendra position à Rotterdam sur la Maasvlakte 2. Le groupe prévoit une enveloppe de 3,7 Md$ jusqu’en 2014 tant pour consolider ses positions dans les ports actuels que pour développer son réseau.
Dans un registre moins important que les deux précédents groupes, le Philippin Ictsi n’est pas en reste. Avec une hausse de son chiffre d’affaires de 10 % à 729 M$ pour un Ebitda en progression de 9 % à 307,9 M$, Ictsi continue sa progression. Pour la direction du groupe, la conteneurisation du conventionnel et ses investissements à l’étranger, Portland, Rijeka, Djakarta, Karachi et Katapulli en Inde ont porté cette croissance. La croissance plus modérée de l’Ebitda tient en partie à la hausse des charges de concession qui ont augmenté dans le port de Recife. Le groupe philippin prévoit pour les prochains mois de continuer à investir, notamment en Amérique du Sud, en Argentine, au Mexique, en Équateur et au Brésil.
Enfin, en France, la division portuaire et commissionnaire en Afrique du groupe Bolloré, Bolloré Africa Logistics, affiche une hausse de 18 % de son chiffre d’affaires à 2,4 Md€. La reprise de l’activité en Côte d’Ivoire, le dynamisme des activités au Nigeria, au Congo et au Ghana ont porté ces résultats. En 2012, le groupe français a démarré l’exploitation des terminaux de Freetown et de Conakry mais aussi en Inde. « Nous cherchons à entrer dans des ports de taille moyenne, a souligné Vincent Bolloré lors de la présentation des résultats. Nous sommes en Afrique et en Inde et nous n’excluons pas de regarder ce qui se passe dans la manutention portuaire en Asie et en Amérique du Sud. » Plus que la manutention, cette filiale est aussi impliquée dans le ferroviaire. Exploitant aujourd’hui une ligne en Côte d’Ivoire et une au Cameroun, le groupe regarde les projets qui se développent actuellement comme la boucle entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. « Le ferroviaire au Congo? Si on nous demande d’intervenir, nous iront », a assuré Vincent Bolloré.