Du 6 au 8 mars, le Port autonome de Pointe-Noire a organisé un séminaire à Kinshasa à l’attention des acteurs économiques et institutionnels de la République démocratique du Congo (RDC). Une réunion entre la communauté portuaire, maritime et logistique de Pointe-Noire/Brazzaville et ses homologues de Kinshasa, Matadi et Boma.
Profitant d’une croissance à deux chiffres depuis quelques années, le port de Pointe-Noire mise sur sa capacité à cadrer les enjeux, défis et perspectives d’un développement mutuel et collaboratif de part et d’autre des rives du fleuve.
Jean-Marie Aniélé, directeur général du Port autonome de Pointe-Noire, a rappelé en ouverture que le succès du transbordement (85 % des manutentions du port) dépend en grande partie de son voisin et de sa concentration de population sur la capitale Kinshasa. Peu ou prou, ce sont environ 200 000 boîtes qui transitent par le port de Pointe-Noire pour nourrir les ports fluviaux maritimes de Boma, de Matadi et, dans une moindre mesure, de Kinshasa. Aussi, de très nombreux problèmes sont encore à résoudre afin de faciliter les transits, optimiser les circulations terrestres et densifier les offres de services pour engranger les dividendes d’une massification sous-régionale.
Sous la présidence du Docteur Ngoy, ancien ministre et vice-président de l’Union des conseils des chargeurs africains, il a été rappelé, notamment par des représentants de l’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire, que les concurrences africaines portuaires se ravivent avec la croissance des flux. Les solutions de transbordement à Pointe-Noire entrent en concurrence directe avec celles proposées à Walvis Bay (Namibie), sur les ports sud-africains (pour les flux asiatiques) et sur Abidjan, voire Tanger Med pour les trafics européens. Aussi, la compétition dépasse la simple attractivité tarifaire. Pointe-Noire veut jouer dans la cour des grands ports de transbordement en proposant un ensemble de prestations intégrées. Les différents intervenants se sont accordés pour reconnaître que Pointe-Noire ne cannibalise pas, par sa croissance, les destinées portuaires de la République démocratique du Congo. Les représentants des chambres de commerce, des chargeurs ou encore des transitaires de la RDC l’ont attesté. Cette image d’Epinal souffre malgré tout des complexités administratives, des lourdeurs des procédures et de la gestion souvent trop lente des deux douanes. Les procédures restent fastidieuses, chronophages et onéreuses. Les frontières restent encore trop hermétiques aux individus et aux flux de marchandises. La relation commerciale « naturelle » entre Kinshasa et Brazzaville est détériorée autant par le déficit d’infrastructures (portuaires et fluviales) que par des pratiques bureaucratiques archaïques. Zéphyrin M’Pene, chargé de recherches à Bruxelles, a même exhorté ses compatriotes à créer une véritable intégration sous-régionale logistique. La fondation Sefacil a conclu les échanges en mettant en perspective les potentialités de construire un véritable système multimodal de transport. La complémentarité entre Pointe-Noire, Boma et Matadi est une évidence. Maintenant, la modernisation de la solution ferroviaire du CFCO, la construction de la route Pointe-Noire/ Brazzaville et le projet de construire un pont rail-route entre les deux capitales congolaises constituent autant de réalisations à valoriser par les services et les prestations de transport. Un document douanier unique pour les marchandises en transit ou encore la mise en place de solutions informatiques communautaires intégrant les ports, les douanes et tous les autres services constituent les bases de conclusion de ces fructueuses discussions. Au-delà de la structuration des corridors du bas-Congo, c’est l’ensemble du bassin-versant qui doit alimenter les débouchés portuaires de la façade Atlantique. La République centrafricaine ou encore les pays enclavés des Grands-Lacs doivent profiter des solutions de transport via la RDC et la République du Congo. Il en va de l’avenir de grandes filières d’exportations qui empruntent aujourd’hui les corridors de Dar Es Salaam en Tanzanie et de Mombasa au Kenya. Le représentant de la CEEAC auprès de l’Union européenne et de l’OMC, l’ambassadeur Schmoldu Sokambi, a appelé de ses vœux une autre édition l’année prochaine pour constater les dividendes des intentions pro- clamées autant par les autorités de la République du Congo que par celles de la République démocratique du Congo.
Pointe-Noire cumule les performances
De moins de 50 000 boîtes manipulées en 2002, le cap des 500 000 a été dépassé dix ans plus tard avec une tendance de croissance supérieure à 20 % depuis la mise en concession de Congo Terminal fin 2008 au groupe Bolloré. Ce dernier a choisi Pointe-Noire pour investir 500 M€. L’objectif du groupe de manutention est d’atteindre à court terme la barre du million de boîtes.