Relancer le transport fluvial en développant et en modernisant les infrastructures, notamment dans tout le nord du pays, voilà l’objectif que s’est fixé l’Italie. L’idée est de faire circuler 20 % du transport des marchandises par voie d’eau d’ici à 2020. Une opération compliquée, surtout en période de crise, l’argent fait en effet cruellement défaut à la péninsule. À titre d’exemple, le pays, par manque de liquidité constante, a toujours oublié de restructurer ou d’augmenter le nombre de quais de débarquement de marchandises.
Selon une étude réalisée par le ministère des Transports, le transport routier des marchandises représente 85 % du transport total. Un petit 12 % seulement passe par voie d’eau. L’idée est de donc de développer les infrastructures, notamment dans certaines régions comme la Vénétie, déjà équipées d’un réseau important hérité de la République vénitienne la Sérénissime. Une opération qui s’inscrirait dans la lignée de la relance des moteurs de l’économie italienne basée sur une réduction des coûts globaux pour rééquilibrer les comptes publics. En effet, selon les estimations de la Commission européenne, le coût du transport fluvial est sept fois inférieur à celui du transport routier.
Des investissements importants
En ce qui concerne le réseau Venise-Mantoue, une partie de l’opération a déjà été mise en place avec un système d’écluses réalisées par la région vénitienne et l’aide de l’Union européenne. Il permet aux embarcations de traverser un croisement entre deux cours d’eau ayant une différence de niveau. « Ce type d’infrastructure permet de réduire le transport sur les autoroutes de 6 à 10 000 camions par an », estime le conseiller régional vénitien Renato Chisso.
Autre projet important pour la région: la relance du système fluvial de la plaine du Pô qui s’étend sur 130 km. Ce dossier est englobé dans le projet de développement des infrastructures fluviales du nord. Il est inscrit dans l’appel d’offres sur le réseau transeuropéen de transport TEN T 2009 EERP pour la relance de l’économie, avec un cofinancement de 9,3 M€.
Selon les experts de la région, un million de tonnes de marchandises voyagent chaque année sur Le Pô qui héberge les ports de Crémone, Mantoue et Rovigo. Une goutte d’eau, le fleuve ayant une capacité annuelle de 16 Mt de fret. Reste que l’affaire n’est pas encore dans le sac. L’Italie est en pleine crise politique et économique, et les résultats de la dernière tournée de législatives pourrait inciter les partenaires du projet Pô à revoir leur feuille de route.