Le 17 février, le seul portique en service sur le terminal du Verdon, le 202, a présenté une panne majeure, soit un problème de roulement du chariot de levage, conduisant à l’arrêt de toute activité de chargement sur le site. Le seul opérateur utilisateur de ce portique, l’armateur MSC, s’est retrouvé contraint, une fois de plus, d’organiser des escales sur Bassens pour ne pas pénaliser son activité, accusant de fait des surcoûts liés aux transports des conteneurs, pour l’export, sur ce terminal de remplacement. Cet incident intervient alors même que MSC vient d’inaugurer son nouveau service feeder assurant une desserte hebdomadaire élargie, comprenant en plus des touchées habituelles (Anvers, le Verdon, Montoir de Bretagne), les ports de Brest, du Havre et de Rotterdam. « Pour l’instant, la solution qui nous est proposée est la remise en exploitation du second portique du Verdon à partir du 28 février », indique Gérald Kothé, directeur régional de MSC. Une visite prochaine de l’organisme certificateur l’APAVE permettra en effet de savoir si ce portique, le 201, qui subit des travaux de réparation depuis deux ans, est désormais opérationnel.
Cet incident met une fois de plus en avant les problèmes liés à la maintenance de l’outillage au sein du port de Bordeaux. Depuis la réforme portuaire, la communauté portuaire ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la dégradation de l’état de cet outillage. Bien qu’ayant transféré l’exploitation de l’outillage à la société privée de manutention BAT (Bordeaux Atlantique Terminal dont l’actionnaire majoritaire est Sea Invest), le port de Bordeaux s’est engagé à assurer une partie de la maintenance (niveau 1 et 2), mais également à remettre en état une partie de cet outillage avant son transfert définitif. Ainsi, les travaux du portique 201 qui s’éternisent – au grand dam de la communauté portuaire depuis deux ans – ont été pris en charge par le port. Concernant le portique 202 qui vient juste de tomber en panne, transféré à BAT lors de la réforme, la charge des réparations en incomberait à BAT et au prorata de l’ancienneté du portique au port de Bordeaux.
BAT déficitaire
Mais le montant des réparations, non connu pour l’instant, inquiète. « Cette panne risque de se révéler très onéreuse, or la société BAT est déficitaire », relève Cyril Mauran, de la CGT du port de Bordeaux, qui attend des réponses lors de la tenue d’un conseil d’administration extraordinaire au sein de BAT. « Il faut que l’État et les collectivités locales accompagnent BAT. Comme il serait nécessaire de procéder à l’achat de portiques neufs pour donner des garanties de fiabilité aux opérateurs portuaires du Verdon. »
Reconnaissant le bilan déficitaire de BAT, son président, Franck Humbert, l’explique justement par les problèmes de maintenance. « À partir du moment où on a commencé à parler de la réforme, il y a eu un laisser-aller de la maintenance préventive de cet outillage par le port. Aujourd’hui, nous en subissons les conséquences. Trois grues à Bassens ne sont par ailleurs toujours pas exploitables. Si les outils ne sont pas fiables, nous avons de moins en moins de productivité et, plus grave encore, nous perdons des trafics. » Les utilisateurs du port, eux, dénoncent surtout des solutions prises dans l’urgence et une situation qui ressemble fort à une impasse, entre un port, désengagé de fait par la réforme de la gestion de l’outillage, et la société BAT à la santé financière fragile.