Quelques entreprises privées comptent écouler jusqu’à 20 Mt de grains en provenance du Mato Grosso par les ports du bassin amazonien. Au total, plus de 1,1 Md€ devrait être injecté d’ici la fin de la décennie pour la construction d’installations de transbordement, de hangars de stockage, de terminaux portuaires, de remorqueurs et d’embarcations. Une bonne partie des ressources privées devrait être investie à Itaituba (État du Pará). L’objectif? Transformer la municipalité en un hub capable de recevoir la production et de l’acheminer, grâce à des convois de barges, jusqu’à deux ports exportateurs de l’État du Pará (Santarém et Vila Rica) et jusqu’à Santana (État de l’Amapá). Les premiers chargements devraient emprunter ce nouveau corridor par voie d’eau à partir des récoltes de 2014-2015. Au moins huit entreprises ont déjà acquis des terrains dans le district de Miritituba pour construire des installations de transbordement sur la rive du fleuve Tapajós. Quatre d’entre elles (Bunge, Cargill, Hidrovias do Brasil et Cianport) en sont déjà à la phase finale du processus d’autorisation environnementale, et les travaux devraient débuter cette année. Cargill, qui opère depuis dix ans un terminal vraquier dans le port de Santarém, est particulièrement intéressé par ce projet. Selon le gérant des ports de la société, Clythio Buggenhout, 75 M€ devraient être investis pour recevoir la production à Miritituba et l’acheminer ensuite par voie d’eau jusqu’à Santarém. Ainsi, l’entreprise compte doubler le volume de soja exporté par Santarém, passant de 1,9 Mt actuelles à 4 Mt par an. « Miritituba est une localisation évidente pour une liaison route-voie d’eau. De là, nous pouvons aller jusqu’à n’importe quel grand port de la région Nord. Ce projet ouvre des perspectives pour les alternatives logistiques », conclut Clythio Buggenhout.
Le Brésil en rupture de stockage?
Le Brésil devrait atteindre très prochainement ses limites en termes de stockage de grains. Selon la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab), les 176 entrepôts publics et privés peuvent accueillir jusqu’à 145 Mt de grains. Or, cette année, le Brésil prévoit des récoltes records de 180 Mt, ce qui devrait à la fois augmenter la pression sur le problème des infrastructures de transport et portuaires, ainsi que sur les coûts de production. Ainsi, certains cultivateurs de soja de l’est du Mato Grosso doivent faire 300 km pour trouver un lieu de stockage. Résultat: le prix du produit augmente de 10 %. Selon les analystes et les acteurs du secteur, il faudrait investir près de 4 Md€ pour parvenir à combler le déficit actuel, et près du triple pour accompagner l’évolution de la production durant la prochaine décennie. Le gouvernement fédéral est en train d’étudier la construction ou l’agrandissement d’au moins dix structures de stockage dans huit États, ce qui devrait permettre d’accroître la capacité totale de plus de 800 000 t. Une initiative encore nettement insuffisante.