Le torchon brûle entre l’opérateur des terminaux à conteneurs et le propriétaire des infrastructures. Quatre mois après l’inauguration du site du Jadeweser Terminal, les deux parties se disputent sur le montant des taxes portuaires.
Il rêvait de faire de l’ombre à ses concurrents de la façade maritime Nord. Mais quatre mois après son inauguration, le port en eaux profondes de Wilhelmshaven est freiné par des vents contraires. Plombé par une conjoncture économique défavorable, le site se retrouve désormais embourbé dans une querelle qui oppose l’autorité portuaire à Eurogate, l’opérateur des terminaux à conteneurs.
L’enjeu du conflit: les taxes portuaires facturées aux armateurs qui veulent accéder aux quais. Fixées par l’autorité portuaire, elles sont jugées « trop élevées » par Eurogate. Selon l’opérateur, le montant de la redevance ne permettrait pas de rivaliser avec les ports voisins.
Afin d’attirer les armateurs, Wilhelmshaven accorde pourtant d’importants rabais: − 70 % pendant un an et demi, puis − 50 % au cours des six années suivantes. Mais pour Eurogate, le compte n’y est pas. Cette promotion ne serait qu’un « tour de passe-passe » pour faire baisser artificiellement les prix et s’aligner sur la concurrence. « C’est peut-être habile, ironise Emanuel Schiffer, directeur d’Eurogate. Mais cela ne suffira pas à rendre la redevance durablement compétitive. »
Estimant que le montant de cette taxe est de nature de décourager les compagnies maritimes, Eurogate vient de porter l’affaire en justice. Une plainte est en cour d’instruction contre l’autorité portuaire pour non-respect des procédures: l’opérateur considère qu’il n’a pas été suffisamment associé à l’élaboration de la grille tarifaire, contrairement à ce qui avait été convenu.
Et ça n’est pas tout: une deuxième plainte pourrait suivre prochainement. En ligne de mire, cette fois-ci, une taxe sur les marchandises manutentionnées: 3,50 €/t. « Cela n’existe nulle part ailleurs », s’emporte Emanuel Schiffer.
Ces procédures aux issues incertaines illustrent la nervosité du groupe, sur fond de décollage laborieux du site. Avec une profondeur de 18 m garantie même à marée basse, Wilhelmshaven est le seul port allemand capable d’accueillir les porte-conteneurs géants. Mais pour l’heure, les clients ne se bousculent pas. Seul Mærsk a choisi d’y décharger ponctuellement des marchandises.