L’annonce par les groupes CMA CGM et China Merchants Holding de la signature d’un accord pour la cession de 49 % de Terminal Links, filiale du groupe CMA CGM, à China Merchants Holding ne surprend guère. Depuis l’été, le groupe basé à Marseille a fait part de négociations ouvertes avec des groupes chinois pour reprendre partie de ses terminaux portuaires. Entre Cosco Pacific, Hutchison Whampoa et China Merchants, c’est ce dernier qui a remporté le contrat.
Une cession de participation dans sa filiale qui s’élève à 400 M€ et dont l’aboutissement est attendu dans le courant du premier trimestre. « Cette opération, précise un texte du groupe CMA CGM, représente la première pierre d’un partenariat stratégique pour les deux parties qui entendent ainsi exploiter et développer des terminaux à conteneurs dans le monde entier et intensifier leurs relations commerciales tout en capitalisant sur des tendances macroéconomiques mondiales favorables. » Un accord qui serait avant tout destiné à restructurer financièrement les comptes du groupe.
Une cession valorisée à 400 M€
Cet accord permet au groupe chinois de prendre des positions que CMA CGM a consolidé au cours des dernières années. Sur le territoire français, l’ouverture de ce capital permet à China Merchants d’entrer dans les terminaux de Dunkerque où Terminal Link est présent au travers de la GMP dans Terminal de France, à Dunkerque, où CMA CGM possède 90 % de l’opérateur NFTI OU, et à Marseille, à Med Europe Terminal.
En outre, l’alliance entre les deux groupes permet à China Merchants de prendre pied dans les ports belges, à Anvers et Zeebrugge, en Afrique du Nord, à Tanger et Casablanca, en Afrique subsaharienne, à Abidjan, aux États-Unis, avec Miami et Houston et en Asie, avec Xiamen et Busan. China Merchants dispose déjà d’un réseau, notamment en Chine. L’opérateur portuaire s’est largement étendu au cours des dernières années en prenant position dans les grands ports de Chine. Il a pris pied à Tianjin, Qingdao, Shanghai, Ningbo, Xiamen, Shenzhen, Hong Kong et Zhanjiang. Pour la direction du groupe chinois, cet accord « s’inscrit dans la stratégie de notre groupe dans le cadre de notre expansion à l’international, a souligné Fy Yuning, président de CMHI. Le positionnement de Terminal Link sur le segment des terminaux dans des marchés émergents, de même que ses projets futurs, représentent un vecteur supplémentaire de croissance tant en termes de volumes que d’amélioration de la rentabilité financière ». La reprise d’une partie des terminaux de Terminal Link s’inscrit dans cette stratégie internationale de China Merchants. Le groupe chinois a multiplié ces derniers mois les prises de position. Le 30 décembre, CMHI a signé avec la société privée Port autonome de Djibouti un accord pour entrer au capital de cette dernière. Sur la côte Ouest de l’Afrique, c’est au Togo que l’opérateur chinois a posé ses premières marques en reprenant 50 % de Lomé Container Terminal. Il partage avec TIL, Terminal Investment Limited la concession de ce terminal. Il vient ainsi conforter sa position dans la région, puisque China Merchants est d’ores et déjà présent dans le port nigérian de Lagos, à Tin Can. Enfin, dans les prochaines semaines, CMHI devrait inaugurer la première phase de construction de son terminal à Colombo, au Sri Lanka.
De Chine en France via l’Afrique
La prise de participation d’opérateurs chinois en Europe semble s’accélérer. Déjà, Cosco Pacific s’est installé au Pirée et ne cache pas sa volonté de poursuivre son programme d’investissement en Grèce quand le gouvernement d’Athènes annonce la cession d’infrastructure du pays. Hutchinson Whampoa a, depuis de nombreuses années, pris pied en Europe du Nord (Felixstowe et Rotterdam). C’est désormais au tour de China Merchants d’intervenir sur la scène européenne, en intégrant la France dans son schéma. Quant au groupe français, ses liens avec la manutention portuaire sont à géométrie variable. Après avoir eu, sous le nom de CGM, plusieurs actifs dans les ports français, les avoir cédés lors du rachat par CMA puis en avoir conquis de nouveaux, le voilà sur une tendance à la cession. Déjà, en 2011, le groupe CMA CGM a cédé 50 % de sa participation dans le terminal maltais de Maarsaxlokk au groupe Yildirim.