Depuis le 11 janvier, 15 000 t de clinker, base semi-finie du ciment, ont été déchargées, passées par une trémie « zéro poussière », puis acheminées à 1 km de là par une noria de tracteurs agricoles vers le broyeur. La nouvelle usine Kercim de ciments haute-qualité a démarré sur le port de Montoir. Les navires de clinker vont se succéder au rythme d’un par mois. Avec des cargaisons de 25 000 t et 40 000 t en 2013 pour produire 150 000 t de ciments, 600 000 t d’ici trois à quatre ans, Kercim espère prendre 10 % du marché des ciments de l’ouest de la France, 3 % du marché français. « Nous sommes des nains à côté des leaders, Holcim, Lafarge, Calcia, mais nous avons l’envie de faire ce qui peut se faire de mieux dans le métier, technologiquement, commercialement et pour l’environnement », explique Jean-Marc Domange, ancien de ces groupes et président des ciments Kercim. Représentant 45 M€ d’investissement, l’usine emploie 22 personnes et montera jusqu’à 45 salariés.
Le transport représentant 25 % à 30 % de ses coûts, la chaîne d’approvisionnement et la logistique évolueront selon les opportunités. « Notre clinker vient de Turquie parce que ce sont de grands professionnels, avec des cimenteries au bord de l’eau et situés dans notre partie du monde. Mais si nous pouvons trouver les prix et la qualité en Espagne, nous réduirons le coût de transport de moitié », indique Jean-Marc Domange. Autre évolution: doubler la capacité de stockage de l’usine, actuellement de 60 000 t pour le clinker, lui permettrait de faire appel à des navires plus gros.
Kercim envisage aussi de remplacer les tracteurs agricoles avec remorques, entre le quai et l’usine, par un tapis roulant. Cet investissement est à l’étude avec le port. Mais il semble pour le moment compliqué, du fait d’un boulevard à traverser.
À l’autre bout de la chaîne logistique, il y a la livraison des ciments, en sacs ou en vrac, aux négociants en matériaux, aux producteurs de bétons et aux grandes surfaces de bricolage. Kercim va commencer par du tout-routier. Mais l’usine doit être prochainement embranchée. Ce qui permettrait à Kercim d’affréter des trains (1 350 t chacun) vers un silo qu’elle prévoit de posséder vers le centre de la France pour distribuer ses ciments « haute-qualité » au-delà sa zone naturelle de l’ouest de la France. Kercim a une seconde usine en projet sur le port du Havre. « Nous avons toutes les autorisations, mais pour réunir les financements, nous préférons d’abord réussir la première et la montrer en action », explique Jean-Marc Domange.