En dépit du contexte économique, le port de Dunkerque a bien tiré son épingle du jeu. Avec un total de 47,22 Mt en 2012, son trafic diminue de 0,6 %. C’est bien moins que ce que craignait la direction du Grand port maritime. Elle prévoit d’investir 51,3 M€ en 2013. Mais beaucoup reste à faire. Le port attend beaucoup des chargeurs et des compagnies maritimes.
Depuis l’arrêt de la Raffinerie des Flandres (Total) en 2008, on assiste à une modification notable de la répartition des trafics portuaires. « C’est un élément important pour notre stratégie de développement », souligne la présidente du directoire du GPMD, Christine Cabau-Woehrel. En 2004, la part des vracs solides et liquides a représenté plus de 75 % du trafic total. En 2008, elle est descendue à 72 % pour ne plus représenter que 66 % en 2012. Cette évolution est imputable aux liquides (6,8 Mt) qui se sont stabilisés à 15 % malgré un récent rebond des produits raffinés. Les vracs solides ont au contraire presque rattrapé leur niveau de 2004 (51 % en 2012). Après la crise sur les pondéreux, la filière repart avec un trafic de minerais et charbons de 20,4 Mt (19 Mt l’an dernier).
Nouveaux trafics de transbordement
« Le dynamisme et la solidité d’Arcelor Mittal » expliquent ce redémarrage, note Christine Cabau-Woehrel. Cela se confirme avec la remise en route, ce 20 janvier, du haut-fourneau no 2 (suite à l’arrêt de Florange). Avec l’ensemble de ses trois hauts-fourneaux, le site dunkerquois d’Arcelor-Mittal semble promettre de bonnes perspectives pour 2013, même s’il ne faut pas se leurrer. En ce domaine, le sidérurgiste n’offre pas de visibilité au-delà du trimestre.
Mais, précise la présidente, il faut également tenir compte de l’apparition de trafics de transbordement de minerais pour Brême, Gand et Hambourg. Ces nouveaux trafics ont atteint le million de tonnes en 2012 et devraient être portés à 1,5 Mt cette année. Pour accompagner ces évolutions et l’élargissement de l’hinterland pour les minerais et charbons, le port confirme la modernisation du réseau ferré portuaire. En 2013 seront poursuivis les travaux d’électrification du barreau de Saint-Georges et de la voie Calais-Dunkerque. La feuille de route prévoit très rapidement l’inauguration de deux postes à quai avec un tirant d’eau de 18,50 m au Quai à pondéreux Ouest (QPO).
Progression du roulier
Autre évolution importante dans la répartition des trafics depuis 2004, les marchandises diverses représentent désormais 34 % de l’ensemble (28 % en 2008 et seulement 23 % en 2004). Dans ce domaine, on observe une progression constante du roulier depuis 2010. En 2012, il atteint le record historique de 13 Mt. Il faut y voir l’effet de la bonne implantation de DFDS. L’armement a réalisé 12 escales quotidiennes l’an dernier entre Dunkerque et Douvres pour transporter 2,5 millions de passagers et chauffeurs et 560 000 camions. Son arrivée à Calais, début 2012, ne change rien à ses perspectives dunkerquoises. Au contraire, assure la direction du GPMD, en annonçant, pour cette année l’amélioration de la desserte routière du terminal transmanche.
Un petit bémol, au cœur de ce point de vue plutôt optimiste, est posé sur le trafic de conteneurs. Si 2010 a enregistré une bonne croissance, le trafic passe de 273 000 EVP à 260 000 EVP en 2012 suite au ralentissement des échanges entre l’Asie et l’Europe du Nord.
Bémol sur les conteneurs
« Pourtant, relève Christine Cabau-Woehrel, le nombre d’escales augmente et de plus en plus de lignes maritimes font confiance au port de Dunkerque. » Depuis mars 2012, les installations du port Ouest accueillent des navires de 14 000 EVP. « Mais le Terminal Flandre peut accueillir les porte-conteneurs de 18 000 EVP. » Outre de nouveaux services sur la ligne Asie-Europe, d’autres axes forts de développement sont apparus comme l’intégration de Dunkerque, par CMA CGM, dans les rotations de son service Epic (Europe Pakistan India Consortium) avec des navires de 5 800 EVP.
Au nombre des succès, le port se félicite de son hub short-sea pour les fruits et légumes et le service, en deux parties, établi entre le Maroc et Saint-Petersbourg via Dunkerque, avec un temps de transit de 9,5 jours pour la filière complète. Cela permet de faire passer ce type de fret de la route sur le transport maritime.
Au nombre de ses projets 2013, la feuille de route du GPMD prévoit d’ailleurs de positionner Dunkerque comme filière expertise reefer pour les fruits et légumes. « Les importateurs pourront améliorer leur chaîne logistique en passant par le port nordiste. »
Cela n’empêche. « Tout ne baigne pas, prévient Christine Cabau-Woehrel. Dunkerque doit absolument développer le conteneur avec, a minima, une croissance de 10 % à 12 % pour 2013. » La reconquête de ces trafics passe par la grande distribution du nord de la France. La présidente du GPMD lance un message, en forme d’appel, à l’attention des chargeurs, des transitaires, des transporteurs maritimes, etc., en leur rappelant que le port sait offrir une chaîne logistique adaptée à leurs besoins.
Une station d’avitaillement de GNL en projet
Lors de la présentation des résultats du grand port maritime de Dunkerque (GPMD) le 10 janvier, Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire, a annoncé que « la partie du chantier du terminal méthanier confiée au port est en avance sur le planning ». La plate-forme et les ouvrages maritimes réalisés par Dunkerque-Port devraient donc être livrés comme prévu au printemps 2013, voire un peu plus tôt. Le terminal méthanier de Dunkerque prend ainsi réellement forme sur le terrain après la pose symbolique de la première pierre le 5 octobre 2012 en présence de nombreuses personnalités notamment politiques ou portuaires, sans oublier EDF, porteur du projet. La mise en service du site est prévue pour 2015. Il pourra accueillir les plus grands méthaniers du monde et disposera d’une capacité d’accueil de 13 Mdm3 de gaz par an. Christine Cabau-Woehrel a aussi précisé que des études de faisabilité pour la réalisation d’une station d’avitaillement de GNL, située au sein du GPMD et en lien avec le futur terminal méthanier, allaient être lancées dans le courant 2013. Pour la construction de cette station, le GPMD se fixe comme délai les années 2018/2020. Ce projet du GPMD a reçu une subvention dans le cadre du programme RTE-T, a confirmé l’Union européenne dans un communiqué du 14 janvier. Le port va recevoir plus de 1,1 M€ pour mener à bien ses études.
Clotilde Martin