Le prolongement du grand canal verra-t-il le jour prochainement? Rien n’est moins sûr. S’il ne semble pas remis en cause pour l’instant, le Grand port maritime du Havre (GPMH) vient de décider de reporter le projet. Le GPMH, qui devait arrêter son choix cette année sur une des options envisagées quant au tracé, n’est aujourd’hui plus en mesure de trancher. La raison de ce retard annoncé, ce sont des études techniques complémentaires sur le pont rouge, pont situé sur la zone portuaire et extrêmement important pour la réalisation du futur projet. « C’est le choix de l’option qui est retardé. Ce retard est dû au résultat d’une opération de maintenance qui a été menée sur le pont rouge. S’il fonctionne parfaitement aujourd’hui, la question se pose sur sa pertinence à moyen et long terme. Si nous devons y apporter des modifications ou si nous devons en reconstruire un, tout cela aura forcément une incidence sur l’option finale retenue pour le prolongement du grand canal. Nous avons donc décidé de prendre notre temps pour effectuer des études complémentaires », explique Jean-Pierre Guellec, directeur adjoint chargé des projets au sein du GPMH. Du 8 octobre 2009 au 7 février 2010, un débat public sur ce dossier a été initié, donnant la parole à tous les acteurs concernés de près ou de loin par un projet aux incidences non seulement économiques, mais également environnementales. Après le débat, le GPMH a réaffirmé sa volonté d’aller jusqu’au bout et quatre options ont été avancées pour ce dossier baptisé Emerhode (Efficacité multimodale, réseaux hydrauliques, une opportunité de développement durable de l’estuaire). Le coût du prolongement du Grand canal est estimé à 200 M€. Parallèlement, une vaste série d’études a été menée pour définir les avantages et les inconvénients de chacune des options. Le premier projet est un aménagement sur la base d’un tracé qui longe la réserve naturelle. La seconde option, qui se décline en trois variantes, s’appuie sur la dénivellation des ponts sur l’axe Le Havre-Tancarville. La troisième envisage un canal court d’environ 4 km. Enfin, la quatrième proposition est un tracé de 8,5 km, parallèle à l’actuel canal de Tancarville. « Le rehaussement des ponts nécessiterait la construction de ponts plus hauts à côté des ponts existants. Ce n’est pas forcément la solution préférée du GPMH, mais nous avons accepté d’étudier cette possibilité », ajoute Jean-Pierre Guellec. Le prolongement du grand canal ne fait pas l’unanimité. Le groupe des élus Europe Écologie de la région Haute-Normandie s’est toujours dit hostile au projet, estimant que, quelle que soit l’option choisie, l’impact environnemental serait réel sur les zones humides. Annie Leroy, de l’association Écologie pour Le Havre, estime que le projet pourrait remettre en cause la biodiversité et l’équilibre du réseau hydraulique. Elle pense également que le canal de Tancarville est actuellement sous-employé.
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Le projet de prolongement du grand canal repoussé
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