Particulièrement affable, Tan Actuna, directeur de l’agence maritime Worms Services Maritimes à Marseille et Toulon, affiche un large sourire en cette fin d’année 2012. Une bonne humeur qu’il doit à l’armement U.N. RO-RO qu’il représente dans le port varois depuis janvier 2011 et dont les trafics progressent continuellement. En 2011, 37 000 remorques ont voyagé sur les navires rouliers entre le port turc de Pendik et celui de Toulon. Pour 2012, 38 000 remorques et 106 escales sont annoncées avec une clientèle de plus en plus diversifiée. Britanniques, Afghans, Iraniens, Allemands et Espagnols désormais transitent par cette liaison maritime, pas seulement réservée aux transporteurs turcs.
« La Turquie est la locomotive de l’économie européenne », se plaît à souligner Tan. En effet, à Toulon, désormais, les élus consulaires l’appellent par son prénom. Il faut dire que la ligne génère quelque 6 M€ de retombées économiques pour la ville et a contribué à la création d’une centaine d’emplois. U.N. RO-RO prévoit donc de déployer dès le mois de mars sur l’axe Toulon-Pendik un roulier de 4 200 m linéaires (280 remorques) et 208 m de long, dès sa sortie des chantiers allemands, pour donner davantage de flexibilité quant à l’offre de transport sur la ligne qui conserve ses escales tous les mercredis et dimanches. « Il s’agira simplement de quatre à cinq escales dans l’année », tempère Tan Actuna.
Quelques ajustements seront nécessaires
L’accueil de ce roulier au port de Brégaillon impose toutefois quelques ajustements des conditions d’amarrage du navire. Parmi les hypothèses envisagées par Ports Toulon Provence (PTP, qui regroupe le conseil général du Var et Toulon Provence Métropole), on note l’installation d’un autre duc d’albe, la création d’un coffre d’amarrage ou l’amarrage sur une chaîne. Les rouliers actuellement exploités sur le service bihebdomadaire mesurent 192 m de long et offrent une capacité de 3 740 m linéaires, 240 remorques.
Le principal client fret de Toulon, Worms Services Maritimes, suggère également la régénération des voies ferrées terminales afin de constituer un pôle multimodal mer-fer permettant de remonter les remorques vers le nord de l’Europe. « Le port doit disposer d’infrastructures adaptées. À présent, la concurrence est très rude et je ne vous cache pas que l’armateur est démarché par des ports voisins », avertit le directeur de l’agence. Une allusion à peine déguisée à Marseille, qui, en 2010, après 8 mois d’exploitation, a vu la ligne ro-ro turque larguer les amarres.
U.N. RO-RO, détenu par KKR, un fonds d’investissement américain, possède 14 navires de 200 m de long pour une capacité de 3 600 m linéaires (249 remorques) capables de filer 20 nœuds et pouvant transporter 12 chauffeurs par voyage. L’armement a débuté ses rotations en acheminant en vols charters les chauffeurs routiers via l’aéroport de Toulon Hyères, mais a été contraint rapidement de passer par Marseille-Provence suite à la défaillance de la compagnie slovène Adria Airways.
Worms Services maritimes a consigné 76 escales de paquebots à Toulon, Nice et Villefranche-sur-Mer (RCCL et Aida Cruises) via sa filiale MedaCruises.