« Voies navigables de France souhaite encourager, pour la réalisation des travaux de construction du canal Seine-Nord Europe, l’utilisation la plus large des modes de transport massifiés (fluviaux et ferroviaires), notamment sur le canal du Nord, afin de réduire l’impact environnemental du chantier et les contraintes sur les réseaux routiers du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l’Aisne et de l’Oise », explique le texte de l’appel à manifestations d’intérêt (AMI). Ce dernier est intitulé « développement du transport fluvial lié à la construction du canal Seine-Nord Europe » et a été publié le 10 octobre. Pour VNF, il s’agit de « créer sur le canal du Nord les conditions d’une offre industrielle de transport » pendant les cinq à six ans du chantier (2014-2017) et après. Cette offre industrielle de transport pourra en effet « devenir pérenne sur le réseau du canal Seine-Nord Europe » (SNE) lors de la mise en service de cette nouvelle infrastructure prévue en 2017-2018. Les flux visés étant non seulement les matériaux de construction (15 Mt) nécessaires à la réalisation du futur canal mais aussi les flux des secteurs agricoles, agroalimentaires et industriels. VNF estime à 300 000 t les trafics de céréales entre mi-2014 et mi-2017 et à 800 000 t au-delà, dont un tiers sur l’Aisne canalisé et deux tiers sur le canal du Nord, répartis à 50 % à destination de Rouen et à 50 % vers le Benelux. Les trafics industriels par conteneurs pourraient atteindre 5 000 EVP entre 2014 et 2017 et 10 000 EVP au-delà répartis sur trois sites le long du canal du Nord (Saint-Quentin/Amiens, Noyon, Nesles). Les flux de ces filières existent déjà et continueront à l’être une fois le chantier fini et SNE en fonctionnement.
Amorcer les trafics
Seulement, ces flux n’empruntent pas à ce jour la voie d’eau. L’AMI est donc lancé pour les amener dès que possible sur le canal du Nord avant de les transférer sur SNE. VNF entend ainsi amorcer dès maintenant les futurs trafics du canal SNE à partir des marchés des territoires.
L’établissement précise: « Une synergie entre les trafics sortants existants devra être recherchée dans la mesure du possible (compatibilité des produits transportés et des cales disponibles) pour optimiser dans un cadre industrialisé l’utilisation des bateaux (réduction des parcours avide) et le coût des transports. » Selon les calculs de VNF, environ 780 000 t de marchandises sont, chaque année, chargés dans les ports du canal du Nord vers les industries de transformation, vers les bassins de consommation de l’Île-de-France, du Nord-Pas-de-Calais et les ports maritimes. L’idéal serait de faire en sorte de combiner ces flux existants et les trafics de matériaux de construction. Pour les opérations de chargement/ déchargement, VNF a répertorié l’ensemble des quais existants le long du canal du Nord pouvant être éventuellement utilisé aussi bien pour les matériaux de construction que les autres types de marchandises (voir carte). L’organisation d’une offre industrielle sur les quais utilisés doit être prévue. Les outils de transport et de manutention devront être partagés entre les différents chargeurs. Le développement d’une offre industrielle de transport sur le canal du Nord destinée à être ensuite transférée sur SNE suppose aussi « d’encourager et faciliter la création et le financement de cales neuves, performantes et adaptées à un usage industriel », indique le texte de l’AMI. Parmi les critères prendre en compte pour la conception de nouvelles cales: un usage modulaire polyvalent (vrac, conteneurs, colis lourds); des dispositifs innovants en termes d’économie de carburant; une navigation adaptée au gabarit du canal du Nord (90 m × 5,70 m), à celui des réseaux du Nord (143 m × 11,40 m), du canal latéral à l’Oise (91 m × 11,40 m), du canal latéral de l’Aisne (46 m × 7,95 m). Les nouvelles cales devront aussi s’adapter à SNE pour un remplissage optimisé des écluses du nouveau canal aussi bien en convoi sur le grand gabarit qu’à l’unité sur le moyen voire le petit gabarit. Dans ces conditions, plusieurs solutions sont possibles, suggère VNF, barges autopropulsées (45 × 5,70 × 2,5 m), automoteurs ou barges « en flèche » (2 bateaux de 38,50 × 5,05 × 2,50 m), etc. Les entreprises souhaitant répondre à l’AMI doivent le faire au plus tard le 25 janvier 2013.