«Dans le cadre de la liaison Seine-Escaut, le projet Mageo désigne la mise au gabarit européen Vb de la rivière Oise entre Creil et Compiègne », explique le maître d’ouvrage, Voies navigables de France (VNF), dans son bilan de la concertation publique publié au début de l’été. Il s’agit d’approfondir l’Oise pour garantir un mouillage de 4 m contre 3 m actuellement et d’adapter le chenal de navigation pour permettre le passage de bateaux au gabarit européen Vb (4 400 t, 180 m de long, 11,40 m de large) sur les 37 km séparant les deux villes. Avec le relèvement d’un pont ferroviaire en aval de Creil, la hauteur libre minimale sous les ponts sur le parcours sera de 5,25 m, ce qui doit assurer la circulation de convois portant deux couches de conteneurs. L’Oise entre Conflans-Sainte-Honorine et Nogent-sur-Oise n’est pas concernée par Mageo, les travaux de dragage d’entretien de rétablissement du chenal à 4 m de mouillage sur cette section de la rivière étant en cours depuis 2008.
Des inquiétudes mais pas d’opposition
Pour VNF, le projet Mageo poursuit trois objectifs. Le premier est de « permettre l’écoulement du trafic créé par l’ouverture du canal Seine-Nord Europe (SNE) programmé en 2017 ». Situé à l’extrémité sud de SNE, Mageo devrait permettre la continuité du trafic au gabarit européen Vb entre le bassin de la Seine, le nord de la France puis de l’Europe. Le deuxième est de « promouvoir le fret fluvial dans une perspective de développement durable » en privilégiant la massification. Le dernier objectif comprend une dimension locale d’augmentation du trafic sur l’Oise en favorisant le développement de l’économie du département au sein duquel 26 communes sont concernées par le projet Mageo. Par exemple, les plates-formes de Longueil-Sainte-Marie et de Bruyère-sur-Oise pourraient jouer un rôle dans l’essor d’un trafic de conteneurs vers Le Havre et de vrac sec vers Rouen. Au cours de la concertation publique menée par VNF au premier trimestre 2012, la légitimité du projet n’a pas été remise en cause par les participants lors des sept réunions-débats organisées, à la différence de la concertation conduite sur le même projet en 1997-1998. Les interrogations du public ont porté sur la neutralité et l’amélioration hydraulique de l’Oise, le non-rehaussement des ponts au-delà des 5,25 m, l’impact du passage des convois de marchandises sur les berges, les conséquences du projet sur les activités aquatiques, sportives et touristiques résument le rapport du garant de la concertation publique désigné par la Commission nationale du débat public. Pour les armateurs, transporteurs et des dirigeants de ports, Mageo présente un point faible: la capacité d’emport de deux couches de conteneurs alors que trois couches sont prévues sur SNE et quatre couches possibles sur la Seine. VNF a confirmé que le projet resterait à deux couches. Le maître d’ouvrage est contraint ici de tenir compte de l’opposition du grand public et des élus au rehaussement des ponts au-delà de 5,25 m. Parmi les autres demandes des professionnels du transport fluvial: une limitation des alternats en nombre et en longueur afin d’éviter un risque d’augmentation des temps de parcours, la création d’une zone de virement au niveau des plates-formes de Longueil et Bruyères. Pour VNF, « un tel bassin pourrait être réalisé à moyen terme si l’accroissement du trafic le justifie ». Le coût de la réalisation du projet Mageo s’élève à 197 M€ avec une enquête publique programmée en juin 2013, un début des travaux en 2014 dont la fin est prévue en 2017.