Liège est devenu le premier port fluvial belge, le troisième au niveau européen après Duisbourg et Paris. Le bilan dressé par les responsables, lors de la manifestation du 75e anniversaire du port, est assurément positif. L’outil compte 32 zones portuaires le long de la Meuse et du canal Albert, dispose d’une superficie de 370 ha, a traité en 2011 un trafic de 21 Mt dont 15,5 Mt en fluvial et fluvio-maritime (dont 29 000 EVP), assure 11 500 emplois directs et 17 060 indirects, et ses activités interviennent pour 15 % du PIB de la province. Liège dispose de deux terminaux à conteneurs dont le LCT, le principal pour l’instant, qui traite des navettes avec Anvers, Rotterdam, et Zeebrugge.
Cette manifestation a été l’occasion pour la direction du port de mettre en évidence la stratégie d’expansion en cours de développement, notamment en tant que vaste plate-forme logistique au cœur de l’Europe, ainsi que les atouts qui doivent la soutenir. Ladite stratégie implique le renforcement des alliances (traditionnelles) avec le port d’Anvers, et (plus récente) avec Rotterdam, le but étant d’intervenir pour ces derniers à la fois en tant qu’avant et arrière-port, et de développer les offres en matière de logistique à valeur ajoutée. Au chapitre des atouts figure la plate-forme de Renory où le secteur privé développe considérablement les activités logistiques et la future plate-forme multimodale de Trilogiport (100 ha), projet élaboré il y a plus de 5 ans et qui évolue enfin de manière positive. Les travaux d’aménagement du site vont démarrer en septembre. Le processus est devenu irréversible, le gouvernement wallon ayant considéré le projet comme prioritaire sur le plan économique. Toutefois, la mise en service de la plate-forme est tributaire de la construction d’un pont, qui doit désenclaver la zone, ce qui est prévu dans le permis de construction. L’adjudication pour l’étude de ce pont interviendra très prochainement. Quant aux recours de protestations en Conseil d’État, ces dossiers évoluent favorablement. Quelle que soit l’évolution, il ne sera plus possible d’arrêter les travaux, mais des dédommagements pourraient intervenir. Ces péripéties ont incité Willy Demeyer, président du Port autonome, à déclarer que le cadre législatif actuel ne correspond plus aux grands ensembles urbains. Les processus de décisions et les nombreux recours qui interviennent dans chaque dossier freinent le redéploiement urbain et économique des villes. Il faut un cadre législatif adapté aux réalités urbaines et industrielles sous peine de rater des opportunités, et ce au détriment des perspectives d’emplois. Du côté du port d’Anvers, qui s’est engagé dans un GIE pour la promotion de Trilogiport, la confiance dans ce projet reste entière et la décision a été prise récemment d’accorder au Port autonome de Liège, pour le financement des travaux, un prêt (entre 1 M€ et 2 M€ , le montant devant encore être défini) à un taux d’intérêt très favorable, sur une période de trois ans.
Vers de nouveaux flux logistiques
Toujours dans le cadre de cette stratégie, Liège mène également des contacts avec les ports de Zeebrugge, Gand, Bruxelles et Dunkerque. De nouvelles écluses sont prévues à Lanaye, à Ivoz-Ramet. Vers 2020, plus de 70 % du réseau fluvial wallon sera au gabarit de la classe Va de 2000 et plus. Un système de taxi-barges transfrontalier va permettre de développer des trafics sur l’axe Wallonie-Nord-Pas-de-Calais. Le fait d’avoir été retenu dans le réseau de transport RTE-T va donner l’occasion à Liège de développer la collaboration avec d’autres ports européens, de mieux se positionner vis-à-vis de ces grands réseaux que sont Seine-Escaut et Rhin-Main-Danube et de générer de nouveaux flux logistiques. L’accent sera ainsi mis sur le marché allemand. Comme l’a souligné le directeur général du port, Émile-Louis Bertrand, d’une part une collaboration étroite s’est établie avec De Scheepvaart, organisation qui gère les voies d’eau en Flandre, dans le but d’optimaliser les conditions de navigation sur le canal Albert, d’autre part il s’agit maintenant de mieux faire connaître la place sur la scène européenne.