Trois ans et 35 M€ seront nécessaires pour que Marseille puisse accueillir les plus grands navires de croisière par tous les temps. C’est le prix à payer pour élargir la passe Nord du Grand port maritime de Marseille. Si tout le monde s’accorde à reconnaître l’investissement indispensable, il reste à préciser les engagements financiers du port, des collectivités locales et de l’État.
Qui l’aurait cru… En 2012, la passe Nord est devenue trop étroite pour accueillir les nouveaux géants des mers qui ont pris leurs quartiers à Marseille. « Actuellement un paquebot sur trois a une longueur supérieure à 290 m. Cette tendance s’accélère de façon exponentielle et, en 2016, 80 % des paquebots faisant escale à Marseille seront confrontés à ce problème de taille », s’inquiète le directeur des opérations dans les bassins Est, Christophe Piloix.
Il a donc été urgent de s’atteler à trouver une solution qui permette l’escale des navires, y compris par fort mistral. D’après une étude menée par le Club de la croisière de Marseille – qui part du postulat qu’un navire de 290 m ne peut entrer au port lorsque le vent souffle à plus de 25 nœuds –, les prévisions 2013 font état de l’annulation de 37 escales pour raisons météo, soit 137 000 passagers de moins pour Marseille et un manque à gagner évalué à 13 M€.
« La tête de ligne suppose des opérations complexes qui ne peuvent être contrariées par le mistral. Nous avons absolument besoin de ce projet », fait valoir Giacomo Costa, président du Marseille Provence Cruise Center (MPCT), société qui gère depuis 2009 le terminal croisières.
Sur le principe, ce projet fait l’unanimité, à commencer par la Ville qui bénéficie des retombées directes de l’afflux de près d’un million de croisiéristes par an. « Le financement pose un problème. La Ville, comme les autres collectivités locales, va soutenir ce projet, mais nous allons examiner à quelle hauteur. L’État a annoncé sa participation à hauteur de 20 %, ce qui est nettement insuffisant. 50 %, ce ne serait pas la mer à boire! », a souligné le premier adjoint au maire de Marseille, Roland Blum.
La question du financement de ce projet doit être discutée le 29 juin au Conseil de surveillance du GPMM. Du point de vue technique, le projet détaillé par Christophe Piloix fait l’objet d’un consensus de l’ensemble des professionnels: « L’élargissement de la passe Nord passe par un “recépage” de 50 m de la digue de Saumaty et un recépage de la digue transverse afin de se prémunir des effets de la houle. Il faudra également agrandir la digue du large. Avec 25 m de fond, c’est ce qui coûtera le plus cher. » Il faudra également compter trois années de travaux.
4 M€ déjà investis par MPCT
Marseille Provence Cruise Terminal (MPCT), société qui a pour actionnaires MSC et Costa Croisières à hauteur de 40 % chacune, et Louis Cruises (20 %), s’est engagé à investir 8 M€ dans l’amélioration des terminaux croisières. En quatre ans, la société a financé 4 M€ de travaux. « Nous avons rénové le poste 181, fait l’acquisition de deux pontons, construit une passerelle fixe, rénové les parkings. La deuxième partie de nos investissements porte sur la création d’un second terminal capable de recevoir deux navires en tête de ligne, et l’équipement du poste 163 qui sera doté d’une passerelle fixe. À terme, le MPCT pourra accueillir cinq navires tête de ligne. De nombreux opérateurs viennent à Marseille car ils envisagent de “cloner” ce que nous avons fait », souligne Erminio Eschena, représentant la compagnie MSC Croisières et la Cruise Line International Association qui se félicite du doublement des trafics en quatre ans. Marseille est passée de 530 000 passagers en 2008 à plus de 900 000 en 2012, et devrait dépasser le million de croisiéristes en 2013.