« Dans leur grande majorité, les participants ne remettent pas en cause l’opportunité du projet de mise à grand gabarit de la liaison fluviale entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine, contrairement aux nombreuses oppositions, ou tout du moins les vives réserves auxquelles se heurte le projet d’aménagement de la Bassée », précise dans son bilan du débat public la CNDP. Près de 1 500 personnes ont participé aux 11 réunions publiques organisées de novembre 2011 à février 2012 (voir encadré). Une trentaine de cahiers d’acteurs et une cinquantaine de contributions ont été adressées à la CNDP au cours de la période du débat. Ces documents abordent « l’ensemble des caractéristiques et des conséquences éventuelles du projet » de liaison fluviale, constate la CNDP. Toutes les catégories d’interlocuteurs se sont manifestées: élus, membres d’associations, milieu industriel et agricole, professionnels de la batellerie, pratiquants d’activités de loisirs, grand public. De nombreux sujets ont été abordés comme le développement économique, l’environnement, l’agriculture, la place du projet par rapport aux modes de transport autre que le fluvial et sa complémentarité avec les autres programmes concernant la voie d’eau, le financement et la gouvernance. Au final, le projet de VNF est jugé « opportun » par les participants au débat public, assure la CNDP. Avec des représentants des milieux économiques mettant en avant les avantages du projet pour leurs activités tandis que les autres intervenants accompagnent ce jugement favorable de souhaits en matière d’aménagements complémentaires, de sauvegarde de l’environnement, de condition de navigation, note la CNDP.
Une unanimité autour d’un scénario
Parmi les quatre scénarios proposés par VNF pour atteindre les objectifs visés en matière de navigation fluviale (bateaux chargés de deux couches de conteneurs), l’un d’entre eux a les faveurs « d’une grande majorité d’interlocuteurs », indique la CNDP. Coup de chance pour VNF: c’est le même que celui qui a les préférences de cet établissement public. Ce scénario respecte la sinuosité actuelle de la Seine afin de ne pas accélérer les crues du fleuve. Il prévoit le passage de bateaux de 2 500 t de l’écluse de la Grande Bosse à Nogent-sur-Seine. Il appelle la réalisation d’un nouveau canal à grand gabarit entre Villiers-sur-Seine et Nogent-sur-Seine. Cette nouvelle infrastructure compterait une dizaine de kilomètres de long sur 60 m de large. Son fonds serait couvert d’argile afin d’assurer une étanchéité maximale et éviter tout impact sur la nappe phréatique. Le coût de ce scénario est évalué à 214 M€ HT. La CNDP indique toutefois que les professionnels de la batellerie préféreraient le scénario autorisant la circulation de bateaux de 4 000 t jusqu’à Nogent, soit des convois de 180 m avec découplage de barges pour la traversée de Paris. Ce dernier nécessiterait des travaux de plus grande ampleur avec une modification du cours naturel de la Seine et la création d’un autre canal de dérivation, entre la Grande Bosse et Bray. La CNDP invite VNF à « une concertation post-débat pour répondre point par point aux demandes des professionnels ». Sachant que VNF dispose désormais de trois mois pour arrêter, expliciter et rendre publique sa décision quant au principe et aux conditions de la poursuite du projet de mise à grand gabarit de la liaison fluviale entre Bray et Nogent. Selon la CNDP, si le projet se poursuit, avec le scénario de 2 500 t, l’enquête publique pourrait se dérouler d’ici 2015, pour des travaux entre 2015 et 2019 et une mise en service courant 2019.
Deux débats publics
Début 2011, la CNDP a été saisie par deux maîtres d’ouvrage de deux projets touchant la Seine amont, son cours, sa vallée, entre Nogent et Montereau. L’un des projets, porté par Voies navigables de France (VNF), envisage la mise à grand gabarit de la liaison fluviale entre Bray et Nogent. L’autre, présenté par l’Établissement public territorial de bassin (EPTB), projette l’aménagement du secteur de la Bassée pour réduire les risques d’inondation en aval, c’est-à-dire en Île-de-France. La CNDP a décidé, compte tenu des interférences entre les deux projets, d’organiser deux débats publics conduits par deux commissions particulières du débat public (CPDP) en partie commune. Les deux débats publics ont eu lieu du 15 novembre au 16 février avec quatre réunions communes.