La nouvelle a fait grand bruit localement il y a quelques mois. L’éolien pourrait être une activité d’avenir pour le port du Havre. Le géant du nucléaire français Areva, associé à GDF-Suez et à Vinci, a en effet fait le choix du Havre pour y implanter deux sites industriels, l’un de fabrication de pales d’éoliennes, l’autre d’assemblage de nacelles (rotors, alternateurs). L’investissement porterait sur plusieurs dizaines de millions d’euros, la somme n’ayant pas été dévoilée pour cause d’appel d’offres en cours. La nouvelle filière pourrait ainsi créer localement de 400 à 700 emplois directs, jusqu’à 4 000 sur la région haut-normande. Le site industriel pourrait voir le jour à condition toutefois qu’Areva remporte l’appel d’offres sur la maîtrise d’ouvrage de deux des cinq plates-formes éoliennes voulue par l’État sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique (Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur Mer, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire). Parmi les autres candidats, EDF, GDF Suez, Alsthom et le consortium espagnol Iberdrola. La commission de régulation de l’énergie (CRE) étudie les dossiers et la décision est attendue courant avril. « Le Havre bénéficie d’une excellente position géographique mais également d’infrastructures de qualité. Les sites d’implantation sur le port bénéficient de quais avec des accès directs à la mer, d’une hauteur d’eau suffisante et de grands espaces rapidement disponibles à terre. La présence d’un tissu industriel dense avec des entreprises comme Fouré Lagadec, par exemple, a également motivé les consortiums », commente Émmanuel Ludot, chef de projet au Grand port Maritime du Havre (GPMH) sur l’accueil de l’éolien. Le responsable explique qu’une soixantaine d’hectares pourrait être dédiée à cette nouvelle activité sur la zone portuaire. « Les éoliennes sont des monstres qui sont, par leurs poids et leurs tailles, difficilement manipulables. Le choix du port du Havre est adapté. Nous avons notamment une filière de transport de colis lourd qui s’est développé localement. La position du Havre permettrait en outre de réduire les coûts d’acheminement sur les sites en mer. Au niveau local, la filière pourrait redynamiser une partie du port dit ancien. Areva s’est d’ores et déjà positionné sur le quai Joannes Couvert. Sur ce périmètre, le GPMH met à disposition des espaces libérés de toute construction. Des travaux consistent à consolider les quais, à dévier des voies routières ou ferroviaires. Les aménagements sont ensuite à la charge de l’investisseur. » L’autre site concerné par l’éolien pourrait être le quai de Bougainville sur le port du Havre. L’opérateur de manutention Terminaux de Normandie (TN), associé à l’armateur MSC, qui sont encore actuellement présents sur ce quai, transfèrent progressivement leurs activités sur Port 2000, ce qui laisserait à terme des espaces disponibles. Avec un quai de 900 m de long et un espace de 40 ha, Bougainville est parfaitement adaptée à la nouvelle activité, selon le GPMH. La construction des deux sites de fabrication et d’assemblage pourrait intervenir début 2015 avec un démarrage de la production en 2016. La filière Énergie-Haute-Normandie a également mis en place parallèlement un projet baptisé Win 1 (Wind Innovation in Normandy 1). Cette plate-forme de recherche, de développement et d’essais des énergies off-shore consisterait notamment à tester les matériels. Elle permettrait de former des fournisseurs locaux mais aussi d’alimenter la recherche et le développement dans le domaine de l’éolien off shore. « C’est un projet qui permettrait de fixer la filière au niveau local. » Le site de petite superficie mis à disposition par le GPMH pourrait voir le jour sur la zone portuaire non loin du centre multivrac. La plate-forme serait composée de trois éléments, un mât de mesure off-shore, un site d’essai en mer et un site d’essai installé à terre pour tester les éoliennes. En mars 2011, suite à l’appel d’offres gouvernemental, la région et la préfecture de Haute-Normandie ont lancé la constitution d’une filière éolienne off shore pour structurer le développement du territoire et optimiser les retombées pour les entreprises régionales. Une nouvelle tranche d’appel d’offres devrait être lancée en avril, et parallèlement d’importants projets de parc éoliens off shore sont en cours au sud de l’Angleterre. De bonnes raisons d’ancrer la filière d’énergie renouvelable sur le port du Havre.
Ports
Une filière dans le vent
Article réservé aux abonnés