Depuis quelques années, les trois pays de la « zone » mer Noire, l’Ukraine, la Russie et le Kazakhstan, sont devenus exportateurs de céréales sur le marché international. Dans le cadre du Salon de l’Agriculture, FranceAgriMer a présenté une conférence sur la logistique céréalière de ces pays. Elle a été animée par Michel Ferret, chef du service marchés et études des filières, et Natalija Riabko, chargée de mission à FranceAgriMer.
La zone de la mer Noire recèle un potentiel important de production, réalisé pour une bonne part dans la terre riche des tchernozem. Cette dernière représente 30 des 42 Mha des terres agricoles d’Ukraine et 32,5 des 220 Mha de Russie. Cet énorme potentiel de production doit cependant faire face à des conditions climatiques irrégulières. Si une bonne partie des productions céréalières est assurée dans des zones relativement proches de la mer Noire, d’autres doivent parcourir des distances importantes par voie ferrée.
La Russie, dont le territoire est immense, ne dispose que d’un nombre limité de ports, essentiellement Novorossiysk et Tuapse sur la mer Noire, mais aussi de plusieurs ports sur la mer d’Azov (Kerch, Yelsk, Rostov…). Certains chargements sont assurés par des unités fluvio-maritimes (3 000 t à 6 000 t), une taille qui correspond à la demande des acheteurs privés d’Égypte notamment. La Russie veut compléter son système portuaire en mer Noire en réalisant le nouveau port de Taman, situé à proximité du détroit de Kerch, sur la façade mer Noire.
Le chemin de fer demeure un outil primordial pour la logistique céréalière. Michel Ferret souligne que le matériel ferroviaire russe est vieillissant, tandis que les coûts de transport demeurent élevés. En outre, les céréales ne font pas partie des marchandises prioritaires. Cependant, la Russie fait d’importants efforts d’infrastructures, ce qui se traduit par une hausse des capacités de transbordement.
Il faut savoir également qu’une part de la production russe (environ 18 Mt) est réalisée en Sibérie. Aussi, la Russie regarde plutôt vers l’Est pour ces volumes. Des capacités pourraient être réalisées dans l’Extrême-Orient russe. Reste que les distances demeurent importantes, environ 7 000 km entre Omsk et la côte Pacifique.
L’Ukraine demeure pour sa part l’un des grands de l’exportation. Mais elle doit faire face à un déséquilibre budgétaire structurel, ce qui se traduit par un volume limité d’investissements étatiques. La logistique portuaire est assez largement dans les mains de groupes internationaux.
Concernant le Kazakhstan, la situation est plus complexe. Pays intérieur, ne disposant que d’un accès limité à la mer (la Caspienne), le Kazakhstan a développé une politique originale qui consiste à s’assurer des capacités dans d’autres pays (en Azerbaidjan ou en Lituanie par exemple). Il a mis au point des stratégies de contournement avec la transformation du blé en farine (le Kazakhstan est aujourd’hui le premier exportateur de farine au monde) ou la perspective de développer l’élevage.
La zone recèle globalement un fort potentiel d’exportation, mais sous-utilisé. Michel Ferret souligne le taux de rotation absolument impressionnant des silos portuaires dans les grands ports. Jusqu’à 50 à Novorossiysk!