Désormais sur la place publique, le conflit ouvert entre le géant mondial du transbordement par conteneurs ECT et le port de Rotterdam est devenu source d’inquiétude pour l’ensemble du secteur. De fait, les banques voient d’un mauvais œil cette affaire qui est aujourd’hui entre les mains de la justice et dont les conséquences pourraient aboutir à remettre en cause des concessions de terrains accordées par la société d’exploitation du port de Rotterdam dans le cadre du chantier de construction de la nouvelle zone portuaire Maasvlakte 2.
Devant ces risques, les banques freinent des quatre fers pour financer ces projets. Propriétaire d’une concession de 100 ha dans la nouvelle zone portuaire, Rotterdam World Gateway (RWG) a les plus grandes peines à rassembler un consortium bancaire pour trouver les 600 M€ nécessaires à la construction d’un nouveau terminal pour ses transbordements conteneurisés. Prévu d’entrer en service fin 2013, ce chantier qui n’a pas encore démarré a déjà pris du retard.
Le torchon brûle entre le port de Rotterdam et ECT depuis le mois de décembre. Principal exploitant du port en étant à la tête de 70 % des activités conteneurisées, ECT, une entité du groupe hongkongais Hutchinson Whampoa, estime que la société portuaire néerlandaise a octroyé des concessions de terrains dans la zone Maasvlakte 2 sujettes à caution.
Selon ECT, les arrivants dont RWG, vont bénéficier de conditions plus favorables pour bâtir leurs terminaux. En outre, ECT accuse les autorités du port d’avoir bafoué son droit de préemption sur l’acquisition de ces terrains. Le groupe exige donc que ces concessions d’exploitation soient gelées. Pour compliquer l’affaire, des querelles portent aussi sur le financement des travaux d’agrandissement du port Amazone auxquels ECT refuse de participer.
En réaction à ces accusations, une réponse formelle de la société portuaire de Rotterdam est attendue à la fin de ce mois. Dans un premier temps, elle a cependant déjà fait savoir qu’elle ne romprait pas unilatéralement les contrats conclus avec ses clients.