Le développement des voies navigables en suspens

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L’an passé, l’essor des voies d’eau est apparu comme l’une des priorités du gouvernement brésilien. Un grand programme d’investissement prévoyait d’injecter près de 1,2 Md€ afin d’explorer le potentiel logistique des cours d’eau du pays et changer la donne: aujourd’hui, le transport fluvial ne représente que 8 % du total des marchandises transportées, contre 65 % pour le réseau routier.

Mais les principaux projets annoncés, notamment ceux sur le rio Madeira (en Amazonie) et l’expansion de la voie d’eau du Tocantins, n’ont jamais vu le jour. Malgré la paralysie des grands projets, le ministère des Transports nie l’abandon du programme, assure que 22 travaux sont en cours d’exécution et que 80 autres sont en phase préparatoire. « Le lot de travaux et d’investissements ne s’est pas confirmé et le secteur s’en est ressenti », reconnaît Adalberto Tokarski, superintendant en charge de la navigation intérieure pour l’ANTAQ (Agence nationale des transports par voie d’eau). Alors que le pays connaît la nécessité de produire plus, le secteur entrepreneurial est en train de découvrir ce monde, mais la situation générale est assez préoccupante.

Cette année, 147 M€ seulement sont destinés à l’amélioration des voies navigables. Des investissements insuffisants qui pénalisent l’utilisation des voies existantes. Ainsi, sur les 1 115 km que compte la voie d’eau du rio Madeira, quelque 8 Mt sont transportées. Un total qui atteindrait les 20 millions si le dragage, la signalisation et le balisage étaient effectués.

La situation est comparable sur le rio Tocantins. Le potentiel des écluses de Tucuruí, inaugurées en 2010 par le président Luiz Inacio Lula da Silva, a été sous-exploité en raison du Pedral do Lourenço. L’extraction de ces pierres, situées entre les municipalités de Tucuruí et Marabá, permettrait de gagner 400 km de voies navigables. Autrement dit, l’ouverture de ce tronçon permettrait d’atteindre les 70 Mt de marchandises transportées par an, contre un peu plus d’un million à l’heure actuelle. Or, ces travaux estimés à plus de 220 M€ ont finalement été exclus du Programme d’Accélération de la Croissance (PAC, le vaste programme d’investissements lancé par le président Lula dans les infrastructures). Le gouvernement espère convaincre l’investisseur privé Vale de prendre le relais. Le minéralier, qui est en train de construire une usine sidérurgique à Marabá, pourrait trouver un intérêt à viabiliser la voie d’eau. Mais le groupe n’a pas souhaité commenter le sujet.

Du côté du rio Amazonas, de nombreux tronçons nécessitent également d’être approfondis, ce qui n’a pas été réalisé. Résultat: les navires sont obligés de réduire le volume des marchandises transportées pour parvenir à Manaus.

Par ailleurs, le secteur des voies navigables est marqué par un fort degré d’informalité. Sur les quelque 500 ports fluviaux répertoriés dans le pays (pour la plupart localisés dans la région amazonienne), plus de la moitié opére de manière irrégulière, ce qui rend la fiscalisation des services délicate et empêche le recours au crédit public pour l’amélioration des structures.

Selon Adalberto Tokarski, un travail de régularisation de ces structures est en cours, mais la situation n’évolue guère…

Quelques projets sont néanmoins évoqués. Ainsi, un accord récent entre le gouvernement fédéral et l’État de São Paulo promet de débloquer les investissements nécessaires afin d’accroître la capacité de transport de la voie d’eau Tietê-Paraná. Par ailleurs, le DNIT (Département National des Infrastructures de Transport) a annoncé qu’il lancerait dès le mois de février les appels d’offres pour réaliser les différentes études nécessaires sur la question des voies d’eau. Finalisées d’ici à deux ans, elles devraient permettre de vérifier sur le terrain les conditions de navigabilité des cours d’eau brésiliens et le potentiel du transport de marchandises. « En parallèle seront élaborés les projets de dragage, de signalisation et de balisage des voies d’eau, avec des autorisations immédiates pour l’exécution des services », garantit Adão Marcondes Proença, directeur des infrastructures par voie d’eau du DNIT.

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