Vers un nouveau trafic de clinker

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L’usine émerge peu à peu du nouveau terre-plein de l’anse Saint-Marc. Holcim a décidé d’implanter sa nouvelle unité de broyage de clinker sur le port de La Rochelle. Pour des approvisionnements par mer depuis l’Espagne.

Les silos commencent à se dresser dans le paysage portuaire. L’unité de broyage de clinker prend tournure et devrait entrer en activité fin 2013. Le groupe suisse Holcim, deuxième producteur mondial de ciments derrière Lafarge, était jusque-là présent surtout sur un grand quart nord-est de la France. Son implantation rochelaise marque sa progression vers l’ouest de la France. Le groupe produit en France 4 Mt de ciment, autant de mètres cubes de béton et 10 à 15 Mt de granulat.

Malgré la crise et le frein mis à la construction, la capacité des cimenteries françaises ne suffit pas à répondre à la demande. Mais la création de nouvelles cimenteries est très réglementée. « Il faut être lucide », note Frédéric Amoroso, qui dirige le chantier rochelais pour Holcim, « c’est de plus en plus difficile en France d’ouvrir de nouvelles carrières de calcaire qui permettent d’approvisionner une cimenterie » En revanche, ces gisements existent dans d’autres pays. « Et le port de La Rochelle a des accès nautiques extraordinaires. » C’est de ces deux constats qu’est venue la décision de créer la nouvelle unité sur le site de l’anse Saint Marc. « Comme nous n’avons pas de nouvelle carrière pour nous développer, nous allons faire venir le clinker de nos autres sites de production en Europe. »

Holcim dispose d’une usine de clinker en bord de mer en Espagne. C’est elle qui approvisionnera La Rochelle par cabotage. Quant au laitier de haut-fourneau, il sera fourni grâce à un partenariat avec des producteurs de fonte et d’acier et proviendra de Dunkerque, également par mer. Au total, ce sont 550 000 t de clinkers et de laitier qui devraient entrer par navires.

Si l’approvisionnement sera maritime, les ciments repartiront eux par camion. « Le site est idéalement placé », souligne encore Frédéric Amoroso. Il évoque l’accès rapide à la rocade, qui évite les zones habitées. Les produits finis, béton et ciment, seront vendus en vrac et transportés par citerne ou en sac de 25 et 35 kg. Ils devraient être distribués par camions dans un rayon de 200 à 300 km autour de La Rochelle.

L’unité de production comprendra deux silos pour le stockage du clinker. Leurs capacités respectives de 15 000 et 60 000 t sont précisément adaptées à celles des navires qui apporteront la matière première.

350 000 heures de chantier

D’ici fin 2013, le chantier Holcim aura duré trois ans et représenté 350 000 heures de travail. Cependant, un accident s’y est produit en janvier qui a coûté la vie à un jeune ouvrier tombé d’un des silos en construction. Pour les besoins de l’enquête liée à ce décès, la société Eiffage, responsable du chantier, a dû interrompre la construction du silo.

À terme, l’usine fera travailler 22 personnes et générera plus d’une centaine d’emplois indirects, pour le transport des ciments et dans le BTP.

Des opposants mobilisés

Tout irait pour le mieux si le projet Holcim ne suscitait une opposition farouche de la part des habitants des quartiers riverains et d’associations de protection de l’environnement. Pourtant, pour défendre les positions d’Holcim, Frédéric Amoroso rappelle les efforts faits par le groupe en matière d’environnement, avec par exemple la substitution du clinker par des sous- et des co-produits qui allaient jusque-là en décharge. Holcim est conscient de l’impact de son activité sur l’environnement et met tout en œuvre pour les réduire, qu’il s’agisse des émissions de poussières, des métaux lourds, des nuisances sonores ou de la consommation d’eau.

La société mise aussi sur le dialogue. « Nous avons mis en place un processus de discussion, avec un comité local d’information et de concertation », indique Frédéric Amoroso. « Nous avons voulu maintenir des échanges avec les habitants des quartiers voisins, avec les associations. Au moins, on pose les choses sur la table. » Les rencontres concernent aussi les élus, les représentants des personnels du port, les communautés de communes et d’agglomération… Des réunions se tiennent tous les deux à trois mois et les comptes rendus sont ensuite mis en ligne sur un site Internet. Mais malgré ces efforts, les relations continuent d’être difficiles. L’une des associations, Respire, a claqué la porte lors des dernières rencontres.

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