La commission d’enquête sur l’accident du bateau-citerneWaldhof auprès de la Direction de l’eau et de la navigation du Sud-Ouest a publié un rapport intérimaire mi-janvier. L’enquête menée par la commission a permis de préciser le déroulement de l’avarie. Le bateau-citerne Waldhof a quitté Ludwigshafen le 12 janvier 2011 vers 21 h 30 avec une cargaison de 2 378 t d’acide sulfurique à 96 % et a fait route vers l’aval à destination d’Anvers, le port de déchargement prévu. Il a chaviré vers tribord à 4 h 42 le 13 janvier au point kilométrique (pk) 553,75 et a disparu des écrans radar de la centrale de secteur Oberwesel. Le Waldhof a alors dérivé vers l’aval en position retournée et dans l’incapacité de manœuvrer. Il s’est échoué par la poupe au pk 555,3 puis s’est immobilisé à 4 h 52 sur le bord droit du chenal navigable, proue vers l’aval et couché sur le côté bâbord. Le rapport intérimaire rappelle qu’un batelier a perdu la vie suite au chavirage, un autre reste porté disparu à ce jour, deux membres d’équipage ont été blessés. Jusqu’à l’achèvement des mesures de renflouement, le trafic sur le Rhin a été interrompu partiellement ou intégralement pendant 32 jours. En amont du lieu de l’avarie, jusqu’à 450 bateaux ont été contraints de stopper leur navigation vers l’aval. Une conséquence directe du chavirage du Waldhof et de son immobilisation prolongée en situation « couchée » a aussi été le déversement dans le fleuve d’environ 900 t d’acide sulfurique auxquelles se sont ensuite ajoutées 800 t au cours du renflouement.
Une appréciation provisoire des événements
Le rapport intérimaire présente une « appréciation provisoire des événements ». Un certain nombre d’éléments positifs ont été listés par la commission. La construction et l’équipement duWaldhof au moment de l’avarie étaient conformes aux prescriptions pertinentes de la réglementation de police fluviale et des marchandises dangereuses. La qualification et le nombre des membres d’équipage étaient eux aussi conformes aux prescriptions du règlement de visite des bateaux du Rhin. Le transport d’acide sulfurique à 96 % par le Waldhof a été admis conformément au certificat d’agrément ADNR délivré au bateau. Le rapport aborde ensuite les points plus négatifs. « Au moment de l’avarie, le bateau-citerne Waldhof ne remplissait pas les critères de stabilité de l’ADN 2011 ou de l’ADNR 2003 et ne satisfaisait pas aux exigences de la prescription générale relative à la stabilité 1,07, chiffre 3, du règlement de police pour la navigation du Rhin. » Selon la commission d’enquête, « les conditions de stabilité inappropriées du Waldhof sont imputables à une répartition erronée de la cargaison avec un remplissage partiel de chacune des sept citernes avec pour conséquence des surfaces libres trop importantes affectant la stabilité ». Les experts ont aussi relevé la présence de deux trous dans le bouchain bâbord de la citerne de ballastage numéro 5. « Celle-ci contenait probablement de l’eau de ballastage, contribuant à dégrader davantage encore des conditions de stabilité déjà critiques ». Toutefois, relèvent les experts, « selon les calculs effectués, ces dernières ne provoquent pas le chavirage du bateau, bien que les effets dynamiques du mouvement des fluides dans les citernes aient été pris en compte ».
Des études supplémentaires à mener
D’autres analyses restent donc à mener par la commission d’enquête pour déterminer pleinement les causes du chavirage. Une expertise externe devrait être lancée « pour étudier et calculer, suivant des procédures mathématiques complexes, le comportement de la cargaison », c’est- à-dire l’effet dynamique de mouvements de la cargaison liquide dans des citernes partiellement remplies, provoqué notamment par la navigation en courbe. Des études devraient être entamées sur le simulateur de conduite de bateaux de la navigation intérieure à Karlsruhe. Il s’agira de déterminer l’état de fonctionnement de la machine principale au moment du chavirage ainsi que « les manœuvres potentiellement engagées juste avant l’avarie et les parts dynamiques qui en résultent dans les moments de gîte en tenant compte des conditions de débit au moment de l’avarie ». La commission d’enquête veut aussi examiner plus attentivement les questions soulevées par la présence des deux trous dans le bouchain bâbord et leurs conséquences. Enfin, les experts attendent les résultats des enquêtes de la police et du ministère public. Aussi, vu l’ampleur du travail restant à mener, aucune date n’a été annoncée pour la publication du rapport final sur l’avarie du bateau-citerne Waldhof.
Les objectifs de l’enquête
Le 31 janvier 2011, le ministère allemand du Transport a mandaté la Direction de l’eau et de la navigation du Sud-Ouest, en sa qualité d’autorité de police compétente, pour mener, dans le cadre d’une procédure administrative indépendante et autonome, une enquête sur l’avarie du bateau-citerne Waldhof survenue le 13 janvier 2011. Cette Direction a alors organisé une commission d’enquête. Comme la navigation intérieure ne dispose pas en Allemagne de bases juridiques distinctes pour une enquête officielle relative à une avarie, ce sont les dispositions relatives aux enquêtes de sécurité maritime qui sont utilisées. En conséquence, l’enquête est réalisée exclusivement avec trois objectifs:
• déterminer les circonstances de l’accident, ses causes directes et indirectes, ainsi que les facteurs qui ont favorisé la survenance de l’avarie, y compris les points faibles du système de sécurité;
• rédiger un rapport d’enquête et, le cas échéant, des recommandations de sécurité visant à prévenir des événements futurs susceptibles de provoquer des dommages ou de présenter un danger;
• renforcer la coopération et le partenariat en matière de sécurité entre les autorités compétentes pour la sécurité sur le Rhin.
Pour les membres de la commission d’enquête, il ne s’agit donc pas de constater des faits pour déterminer qui a commis des erreurs, ni déterminer une culpabilité ou des responsabilités, ni d’examiner ou d’évaluer les conséquences de l’avarie.