Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Après un début d’année 2011 sur un ton morose avec la crise économique qui touchera la sidérurgie et la fermeture de la raffinerie des Flandres de Total, la fin de 2011 s’est avérée meilleure que prévue. Au final, Dunkerque Port termine l’année sur une note fruitée avec une progression de 11,2 % à 47,5 Mt.
La hausse des trafics se décline sur tous les tons. D’une part, les vracs liquides gagnent 44 % à 8,1 Mt. Élément peu courant, alors que la Raffinerie des Flandres a cessé son exploitation, le port a vu ses trafics d’entrée de pétrole brut augmenter avec quatre escales de navires. « Nous avons passé le cap », a souligné Stéphane Raison, président du directoire par intérim. À la sortie, les produits raffinés, avec 5,2 Mt sont en hausse de 22 %. D’autre part, les vracs solides augmentent de 4 % à 23,7 Mt. « Dunkerque a été et restera une place majeure du vrac solide en Europe du Nord », a insisté Stéphane Raison. Si le trafic de minerais se stabilise, celui de charbon progresse de 18 % à 7,6 Mt. Quant aux céréales, le trafic réalisé au cours de la campagne 2011/2011 a dépassé un record avec 2,34 Mt. Sur l’année civile 2011, le trafic de céréales est en hausse de 16 % à 2 Mt. Le renouvellement des équipes de la Sica et l’arrivée d’un nouvel outil en fin d’année laissent espérer de nouveaux records sur ce trafic dans les prochaines années. « Nous souhaitons maintenant aller plus loin et agrandir notre hinterland céréalier vers les Ardennes et la Champagne. Le nouveau portique de chargement de la Sica nord permettra de doubler la capacité du port », a confirmé Stéphane Raison. Seuls les petits vracs, comme le sable, la chaux, les ferrailles et les scories, affichent une baisse de 13 % à 3 Mt.
Enfin, les marchandises diverses donnent à ce cru un goût de douceur. Avec 15,7 Mt, ce courant enregistre une hausse de 9 %. Une croissance qui tient d’abord au mûrissement du trafic transmanche. Le fret progresse de 4 % à 500 000 camions. Les véhicules de tourisme se stabilisent quand les passagers augmentent de 4 % à 2,6 millions. La direction du port reconnaît cueillir les fruits des difficultés de SeaFrance à Calais. Avec l’arrivée d’un navire de Louis Dreyfus Armateurs pour la ligne de DFDS le 13 novembre, Dunkerque a su offrir une alternative au Détroit du Pas-de-Calais. L’autre dominante des marchandises diverses, les conteneurs, n’est pas en reste. Le cap des 274 000 EVP est franchi, soit une hausse de 36 %. Les errements des précédents exploitants du terminal à conteneurs semblent finis. L’arrivée du groupe CMA CGM sur le terminal donne une nouvelle dimension au terminal dunkerquois. « Il nous a fallu d’abord atteindre un seuil de rentabilité pour réfléchir aux investissements futurs. Nous envisageons l’acquisition d’un nouveau portique sur ce terminal pour remplacer le plus ancien », continue le président du directoire par intérim. Si le cru est bon dans les conteneurs, le goût pourrait se gâcher sur le second trimestre. L’alliance entre CMA CGM et MSC sur les lignes Asie Europe n’a pas favorisé le port de Dunkerque. Le service FAL 3 de CMA CGM restera au moins jusqu’au 1er avril, ensuite le port espère voir des services de MSC le remplacer. En attendant, le Grand port maritime de Dunkerque a réussi à renouveler les contrats des lignes sur le Maghreb et la ligne de Delmas depuis l’Afrique de l’ouest.
L’année 2011 s’inscrit dans les grands crûs de Dunkerque. Jean-Luc Vialla, président du conseil de surveillance, explique cette bonne année par l’application de la réforme portuaire de 2008, l’évolution des rapports de la direction du port avec le groupe Total et par l’attitude de la place portuaire d’avoir su faire preuve de résilience. Et pour continuer sur cette lancée, le port a entendu le président de la République annoncer la confirmation du terminal méthanier, lors de son passage le 3 mai. Les travaux d’infrastructure vont démarrer dans les prochaines semaines. Le terminal devrait être opérationnel en 2015 et permettre au port de tourner la page de la raffinerie des Flandres. En décembre, le ministre des Transports, Thierry Mariani, a annoncé les études préliminaires pour la construction du bassin de la Baltique et d’un nouveau terminal à conteneurs. Un projet dont l’aboutissement est prévu pour 2018.