La nouvelle a été tenue discrète. Med Europe Terminal, le manutentionnaire qui exploite le terminal conteneurs de Mourepiane à qui la société a donné son nom, vient de passer sous le contrôle total de CMA CGM.
DP World, qui en détenait 25 % encore cet été, s’est débarrassé de sa participation au profit de son co-actionnaire. Ce retrait ne s’est pas accompagné de celui du directeur, Sébastien Latz, pourtant formé à la dure école dubaïote de l’exploitant international de terminaux portuaires. À 34 ans, ce diplômé de Sciences-Po Aix et de Sup de Co Lyon, doit relever un double défi. Économique: réussir la transition posée par la réforme portuaire sur le site même où elle a le plus été contestée. Politique: démontrer que les bassins marseillais conservent leur potentiel commercial et industriel.
Pas facile, sur un terminal qui a été sinistré pendant ces dernières années par les conflits sociaux de poser de nouvelles bases. À commencer par celle de l’entreprise elle-même. L’ex-Intramar était structurellement déficitaire. Son résultat négatif était compensé par la manutention fosséenne (Eurofos) à travers le groupe MGM. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Même si l’intégration des 41 ex-agents du GPMM, portiqueurs et mainteneurs, dans l’entreprise qui compte désormais 142 salariés (+ 130 à 160 dockers du Gemest, groupement d’employeurs de dockers), s’est passée au mieux. La productivité est montée à 21,8 conteneurs/heure (contre 16,3 ces dernières années). Et l’objectif est de passer de 166 000 EVP à 240 000 EVP par an.
Comment? « Les chargeurs ont une certaine appréhension lorsqu’on parle de Marseille », reconnaît Sébastien Latz qui fait régulièrement visiter son terminal par ses clients et prospects. « On est au début d’une nouvelle histoire. La crédibilité se gagnera en fiabilisant notre offre terminal », soutient-il. La plate-forme ferroviaire qui va s’adosser au terminal est un argument. Sur le marché « intramed » dont Mourepiane s’est fait une spécialité, « les opportunités ne sont pas très nombreuses », reconnaît-il. Toutefois, il annonce être en discussion avec trois lignes. Pour l’instant, l’armement CMA CGM demeure son principal client (60 %). Borchard (20 %) et Turkon, Marfret, Messina et des slots agreements se partageant le reste. Signe du renouveau, le site internet du manutentionnaire (