Ce que la CNTPA fait depuis des années, d’autres le découvrent aujourd’hui

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): DEPUIS LA CRÉATION DE LA CNTPA CSOPMI À DUNKERQUE, LES DEUX SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX QUI SE SONT SUCCÉDÉS, BERNARD GOUVART ET VOUS MÊME, AVEZ TOUJOURS MILITÉ POUR LE DIALOGUE SOCIAL AVEC LES MANUTENTIONNAIRES ET LA DIRECTION GÉNÉRALE DU PORT. POUR ABOUTIR AUJOURD’HUI À 20 ANS DE PAIX SOCIALE À DUNKERQUE. PENSEZ-VOUS QUE CELA SOIT LA NOUVELLE FORME DE SYNDICALISME DANS LES PORTS?

FRANCK GONSSE (F.G.): Pour comprendre notre démarche syndicale, il faut remonter à 1992 lors de la réforme portuaire de Jean-Yves Le Drian. Le 18 juin de cette année, nous avons déposé les statuts pour la création de la CSOPM (Chambre syndicale des ouvriers du port mensuels). Après huit mois d’existence, nous avons ajouté les intermittents en raison de cette réforme portuaire pour devenir la CSOPMI. Le premier secrétaire général, Bernard Gouvart, a toujours milité pour un syndicalisme de dialogue social avec le syndicat professionnel des entrepreneurs maritimes et la direction du port. Après son décès en 2004, nous avons voulu la continuité. Depuis la création de la CSOPMI en juin 1992, nous pouvons nous targuer d’une paix sociale de 20 ans, pas sans mal. Au cours de cette période, nous n’avons jamais failli. Nous avons su discuter et négocier avec les patrons des sociétés de manutention ainsi que la direction du port pour trouver à chaque fois des solutions aux questions, aux revendications soulevées. Depuis cette époque, le port de Dunkerque peut être fier d’être un port français fiable.

Cette méthode ne nous fait pas oublier notre rôle de syndicaliste. Nous demeurons un syndicat ouvrier. Ainsi, cette année, alors que le gouvernement a voulu revenir sur les conditions de la pénibilité, négociées entre les partenaires sociaux, nous avons su montrer notre désaccord. Des mouvements sociaux ont perturbé le port. En 2006, nous sommes allés lutter et manifester contre le paquet portuaire 1 et 2 qui visé à mettre le self handling en place dans les ports européens.

JMM: UNE MÉTHODE BASÉE SUR LE DIALOGUE SOCIAL QUE VOUS PRÉCONISEZ DEVOIR S’APPLIQUER DANS TOUS LES PORTS AUJOURD’HUI?

F.G.: La réforme de 2011, nous l’avions faite à Dunkerque depuis 1999 en créant la société Seabulk. Une structure qui a intégré, 12 ans avant, ouvriers dockers et grutiers, sous un commandement unique pour traiter les grands vracs sur le quai à Pondéreux ouest. En 2001, nous avons décliné ce modèle social sur le terminal à conteneurs en créant NFTIOU.

À chaque création de ces sociétés, nous avons mené avec les manutentionnaires la direction du port à un dialogue constructif pour conserver les intérêts de chacun mais surtout les emplois des ouvriers dockers et portuaires. Depuis, nous continuons à discuter régulièrement avec les autorités portuaires et les partenaires sociaux pour proposer des solutions et faire avancer les dossiers.

JMM: VOTRE MÉTHODE DE DIALOGUE SOCIAL SEMBLE FAIRE DES ÉMULES AUPRÈS D’AUTRES CENTRALES SYNDICALES. AVEZ-VOUS LA MÊME ANALYSE DE LA SITUATION?

F.G.: Aujourd’hui, les syndicats sont dans une approche plus constructive avec les partenaires sociaux. Depuis plusieurs années, nous avons su nous mettre à la table des négociations pour trouver des solutions sans écarter les possibilités de mouvements sociaux. Je constate que des ouvriers portuaires d’autres ports, où nous ne sommes pas présents, déclarent vouloir travailler avec les employeurs pour développer les places portuaires. Ce discours, nous le tenons depuis 1992. Ce que la CNTPA fait depuis des années, d’autres sont en train de le mettre en œuvre aujourd’hui.

JMM: AVEC LA CRÉATION DE LA CNTPA ET DE LA CSOPMI, VOUS AVEZ DÉPLOYÉ VOTRE CHAMP D’APPLICATION SUR D’AUTRES PORTS QUE DUNKERQUE. QUEL EST VOTRE NIVEAU DE REPRÉSENTATIVITÉ AUJOURD’HUI?

F.G.: Globalement, nous représentons environ 25 % sur six ports dans lesquels nous sommes présents. Vous le soulignez, nous avons une forte représentativité sur le port de Dunkerque avec un résultat de 100 % de résultat aux dernières élections. Nous sommes aussi présents dans quelques entreprises portuaires reliées au port, les lamaneurs, etc. À Saint-Nazaire, nous revendiquons 70 % des dockers affiliés à notre syndicat. Nous avons aussi su prendre parti pour défendre les ouvriers portuaires dans les DOM TOM, et notamment aux Caraïbes. Les liens commerciaux entre le port de Dunkerque et les Caraïbes, notamment sur les trafics de bananes, nous ont rapprochés. Aujourd’hui, au Port autonome de la Guadeloupe, à Fort de France en Martinique et en Guyane, nous constatons un renforcement de notre présence auprès des ouvriers portuaires. Dans chaque port, la CNTPA dispose d’un secrétaire général.

Les élections qui se déroulent actuellement sont importantes. Elles vont déterminer le taux de représentativité qui sera calculé en août 2013, comme le prévoit la loi de 2008. Nous sommes confiants pour confirmer notre position et continuer à être force de proposition au niveau national comme nous l’avons fait sur le dossier pénibilité en mai 2004 où nous proposions un dossier de 170 pages à l’Unim pour nous faire reconnaître, dossier repris pour la réforme de 2008.

JMM: VOUS ÊTES MEMBRES DE L’ETF, ORGANISATION SYNDICALE EUROPÉENNE, ET DE L’ITF, ORGANISATION MONDIALE, DANS LAQUELLE VOUS ÊTES LARGEMENT ACTIF. QUEL EST VOTRE OBJECTIF POUR LES PROCHAINS MOIS?

F.G.: La CNTPA CSOPMI est membre de ces deux organisations. Nous travaillons beaucoup au niveau européen. Par exemple, nos CQP (certificat de qualification professionnelle) que nous faisons passer par les ouvriers dockers pourraient être une référence au niveau européen pour créer un diplôme, une reconnaissance de travailleur portuaire. Ce diplôme serait une garantie pour les ouvriers portuaires mais aussi pour les employeurs de la manutention dans tous les pays d’Europe. Cela éviterait des manutentions clandestines non encadrées par l’Europe. D’autres pays ont déjà mis en place ce type de garantie, il faudrait trouver un système uniforme entre nous tous.

JMM: POUR CONTINUER SUR L’EUROPE, SIIM KALLAS A ABORDÉ L’IDÉE DE REVENIR SUR UN PROJET DE DIRECTIVE DES SERVICES PORTUAIRES. COMMENT AVEZ-VOUS RÉAGIT À CETTE ANNONCE?

F.G.: Lors des deux précédents projets de directive sur les projets portuaires, nous nous sommes mobilisés avec les autres syndicats pour défendre nos intérêts. Si cette troisième version intervient dans les mêmes conditions, nous prendrons les mêmes résolutions.

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